Vendredi 12 décembre 2008 à 19:53





Je pense que les
néophytes comme les anciens lecteurs l’auront compris, je hais beaucoup de chose. Ce qui leur échappe souvent, c’est que cette haine se veut avant tout humoristique, ou mon humour se veut haineux, peu importe, l’un ne va pas sans l’autre. Mais voyez vous, il y’a quelque chose que je hais profondément, et réellement… Sans rire.
S'il y'a bien une personne, pour qui j'éprouve une haine sans bornes (en dehors des
hippies) c’est cet espèce de malade mental qui, un jour, devant son ordinateur, trouva qu’il serait de bon ton de créer une encyclopédie gratuite accessible à tous sur le net, et à laquelle chacun pourrait participer. Outre son côté fourre tout à informations parfois sujettes à caution et son aspect gentiment utopique qui veut que l’Homme partage sa connaissance quand on sait qu’il a surtout tendance à partager sa connerie, Wikipedia, c’est un instrument de torture. Le MAL à l’état brut. Wikipedia, c’est un truc dont se servent les chinois pour torturer les tibétains.
Non mais sérieusement, vous y êtes tous allé au moins une fois sur cette
merde ? De nos jours, si vous avez une question qui vous obsède, inutile de demander à un proche ou d’ouvrir un bouquin. Souvenons nous que Google et notre ami, et que Wikipedia est le sien.
Et c’est là, à cet instant précis, que tout bascule. Tu pénètres
Wikipedia (très fort), et tu entames la lecture de l’ultime réponse, tu la bois comme du nectar tellement c’est complet (et pompeux), arrivé à la deuxième ligne, tu tombes sur un mot bleu, surligné, qui te mène, lui, à un autre article. Ceci s’appelle un lien. Et puisque si tu lis l’article de départ, c’est bien pour te documenter d’une façon complète sur un sujet dont tu ignores tout, tu te dis donc que ce mot linké doit bien te déverrouiller une notion (Un pouvoir spécial de niveau supérieur quoi) qui te permettra d’accéder à la connaissance, une clef, qui te permettra de reprendra la lecture de ton article afin d’arriver au terme de ta quête. Tu lis donc le nouvel article avant de continuer le premier, qui te pose les bases d’un mot ou d’un concept étranger. De toute façon il n’y a qu’une dizaine de lignes. Tes points de connaissance ayant considérablement augmentés, tu t’en retournes affronter le sujet principal de tes interrogations.

Tu reprends tranquillement la lecture là où tu t’étais arrêté, et dix lignes plus loin, tu tombes à nouveau sur un
lien qui te mène vers un nouvel article… Celui là, tu décides de passer outre, mais tu t’aperçois, en continuant ta lecture, que la suite de la phrase fait directement référence à l’article que tu as refusé de lire, alors tu ouvres un nouvel onglet, pour déverrouiller de nouvelles capacités… Le calvaire ne fait que commencer, car contrairement au premier lien, ce lien mène à un article aussi complet que l’article principal, et il y’a tout plein de liens dans celui-ci aussi. Au bout de deux heures, tu as consulté tous les liens de ce nouvel article, ainsi que les articles linkés dans ceux préalablement linkés. Après avoir bien digéré toutes ces informations, tu retournes lire l’article du début, qui va répondre à ta question. Tu refermes donc tous tes onglets, excepté le tout premier. Ca fait trois heures que tu es la dessus, et de ta grande réponse, tu n’as seulement assimilé que les dix premières lignes. Treizième ligne, tu tombes sur un nouveau lien. Tu commences à t’automutiler au tesson de bouteille.
Après une crise de nerf digne d’une
femme sous anabolisant un jour de soldes, tu entames donc la lecture de ces nouvelles données, afin d’être certain de pouvoir bien comprendre tout ce qu’on te dit dans le premier article, parce que tu voudrais pas rater cette chance unique de connaître la vérité, d’accéder à la connaissance. Une nouvelle fois, un nouvel article complet, bourré de liens qui mènent à d’autres articles tout aussi complet et tout aussi farcis de liens. Après avoir ouvert deux milles six cent quarante sept liens et en avoir intégré le contenu, tu t’en retournes à ton premier article. Vingt quatre heures se sont écoulées. Tu as lu treize lignes. Et trois mots plus loin tu retombes sur un nouveau lien. Tu envisages sérieusement le suicide comme alternative à ton problème. Et s’en suit à nouveau une série d’articles, de liens, d’articles, de liens et ainsi de suite. Après l’ouverture d’environ quatorze mille huit cent cinquante trois liens et à peu près autant d’articles (de tailles variables) consultés, soixante douze heures se sont écoulées. Ta famille te croit disparu, tes amis te pensent mort, ta petite ami te croit volage et infidèle même. Toi, tu es devant ton ordinateur, le regard terne, tu sens mauvais, tu allumes le filtre brûlé d’une cigarette, le même depuis douze heures environ. Devant toi, une page internet, une multitude d’onglets ouverts dans ton navigateur. Tu n’as toujours pas la réponse à ta question, d’ailleurs, tu ne sais même plus sur quel sujet tu te documentais à l’origine. Ton cerveau, surchargé par le poids de tant de connaissance absorbée aussi vite et sans interruption, à fondu et perdu la moitié de ses capacités. Et c’est psychologiquement brisé par des heures de tortures que tu retournes enfin à la vie réelle, où rien ne sera jamais plus comme avant.

 
 
 
 
(Attention, de terribles et machiavéliques liens wikipediesques se sont glissés dans cet article dans le but de vous égarer. Ne consultez surtout pas les mots en gras)
 
 
 
 




Par PetrifiedEyes le Samedi 13 décembre 2008 à 0:14
J'ai adoré ton article très Gotlibien, même si je suis bizarrement resté bloqué à la treizième ligne.
Grâce à toi je sais tout sur Bernard Menez, les poux du pubis, l'UMP et autre tumeur. :)
(Et encore tu n'as pas abordé le sujet de ça : http://desencyclopedie.wikia.com/wiki/Accueil il faut lire l'article sur le poney)
Par silverthorn le Samedi 13 décembre 2008 à 10:33
Cet article est vraiment très bon, et fait franchement du bien à lire. Bon, cela ne m'empêchera pas d'utiliser Wikipédia plus tard (même si c'est sûr que les informations qui y sont données sont parfois assez limites) pour des recherches sans grande importance, mais toujours est-il qu'il est vrai que ce système de lien est assez diabolique, et que le panel de liens que toi-même tu as utilisé est fort à propos. Femme = Vulve ; Amis = Poux du pubis ; Suicide = UMP, bref, comme le dirait la désormais très populaire expression "C'est que du bonheur".
Par Distant-Skies le Dimanche 14 décembre 2008 à 0:52
Je ne suis pas un grand fan de ton écriture, mais j'avoue que cet article là vaut son pesant de cacahuètes bulgares importées du Chili (ceci est un compliment).
Par Tote le Dimanche 14 décembre 2008 à 16:34
Haha :D
Je reviens justement de Wikipedia... donc tu m'excuseras si j'ai cliqué sur aucun de tes liens, j'ai du louper des tas de trucs marrants.
Par Plaiethore le Lundi 15 décembre 2008 à 9:50
Vous avez tort Miss Tote, ce fut un délicieux supplice que de cliquer tel un dément sur tous ces petits liens diaboliques.

Mais, Auteur de ce texte, dont la tumeur nous présente toute l'étendue de son aimable perversité, ne comptez pas sur la mienne pour un jour vous nommer "Cher et Fol Pou de mon Pubis" ! ;)
Par Samantha.c4 le Mercredi 17 décembre 2008 à 5:22
Cela faisait longtemps que je n'avais pas autant pouffé de rire, et particulièrement en faisant passer mon curseur sur les liens pour voir les URL pendant la lecture où ils menaient. Rhâââ c'était bon, encore ! Encore !

Bref, je te remercie pour ce petit moment de bonheur. Bon quand je dis "encore ! encore !" sur un ton presque orgasmique, j'demande pas non plus de ration du genre ni une plus haute fréquence hein, l'article aux multiples liens est un genre qui perd de sa saveur quand il est trop souvent exploité (ou du moins c'est le cas sur les autres blogs où j'ai vu ça, mais c'était des poulpes) et j'voudrais pas voir un tel talent gâché par la demande. Non non, c'était juste ma façon de manifester ma joie soudaine (c'est tellement rare depuis que je n'utilise plus ma carte bleue)
Par Samantha.c4 le Mercredi 17 décembre 2008 à 5:29
"Véritable porte de la matrice humaine, elle en protège l'ouverture par une « double porte » : les grandes puis les petites lèvres sans oublier le vestibule vulvaire"

Seigneur Dieu mais c'est qu'ils ont des poètes chez wikipédia !
Par ex TGS le Samedi 27 décembre 2008 à 20:16
Article tout simplement génial ! J'aime beaucoup l'association TF1 & torture en plus des éternelles femme - Vulve ou Famille - Sangsue.
Par soizenettaistoi le Lundi 29 décembre 2008 à 11:39
Je me demande finalement si le plus chiant sur un article wikipedia, ce n'est pas de l'écrire...Sans déc' t'as passé combien de temps à faire tes liens?
Par atom-of-the-end le Mardi 30 décembre 2008 à 17:53
Le pire c'était pas de faire les liens, c'est que comme un con, j'ai cliqué dessus, dévoré les articles, et cliqué sur les liens qu'ils renfermaient, ainsi que les liens des articles linkés dans l'article précédent et...

J'ai perdu trois semaine de ma vie.
 

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