Récemment, j’ai découvert qu’un ami très cher avait décidé de parrainer un petit africain (Oui je sais, je fréquente des gens étranges). A dire vrai, je lui pardonne, puisque cette démarche s’inscrit dans une logique qui est la sienne, et puis tout le monde a ses petits travers. Toujours est-il que, contre toute attente, cette idée m’a obsédé, au point que je me suis penché sérieusement sur la question et, dans un moment de faiblesse et d’inattention, ma conscience, du genre discrète et léthargique, décida que je devais suivre cet exemple. Etonnant, non ?
Alors bien entendu, on ne change pas ainsi du jour au lendemain, il me fallait donc une juste cause à défendre en accord avec mes principes peu orthodoxes.
L’avantage du parrainage, c’est qu’on met un visage sur le fric qui s’envole de notre compte en banque, exit donc les associations de lutte contre les cancers, sida et consorts, que je ne souhaite pas voir disparaître d’une part, et dont l’implication est trop impersonnelle. Après tout, contre quelques deniers, j’espère bien recevoir la photo d’un gamin tout pouilleux.
Cela dit, si je ne désire pas venir en aide à une association trop impersonnelle pour justifier d’un réel engagement auprès de ma conscience, je ne souhaite pas plus aider mon prochain, et encore moins une personne dont je me fous totalement, à plus forte raison s’il vit dans un pays où je ne risque pas de mettre les pieds. Mon ami m’expliquait qu’à ses yeux, la misère n’a pas de frontière, et c’est également vrai pour ma misanthropie. Je déteste avec le même acharnement mon voisin que la plus éloignée des sous-merdes du globe. J’ai bien tenté de me convaincre que mon patriotisme pouvait au moins aller jusque là, mais non. La misère, je m’en tamponne.
Certains pensaient et pensent, à tort, que je suis un tantinet raciste, mais c’est faux, et je viens d’en apporter une preuve de plus, mais revenons à nos moutons.
Le parrainage traditionnel semblait donc exclu pour ma part, mais cette idée me taraudait tellement qu’il fallait pourtant que je franchisse le cap, et très honnêtement, je ne sais pas vraiment pourquoi. La curiosité peut être, ou simplement l’intérêt d’une telle démarche m’échappe tellement qu’il me faut l’essayer pour la comprendre. Après quelques heures de recherches, c’est avec un certain agacement que j’ai découvert qu’aucune forme de soutien humanitaire ne pouvait me convenir. C’est au dessus de mes forces. Et puisque personne n’a pensé que des gens comme moi voudraient changer de mentalité, en douceur, et étant convaincu que parfois, si l’on veut quelque chose, il faut bien le faire soi-même, c’est avec une certaine fierté que je vous annonce mon désir de créer une association de parrainage, et dont je serai le premier parrain, mais pas le seul, je l’espère.
L’idée m’est venue lors d’une de mes fréquentes insomnies. Pour répondre aux clichés que je véhicule bien volontiers, il me fallait absolument aider un africain, parce que le petit enfant africain, c’est quand même la Rolls Royce de ce qui se fait en matière de pauvre. Cela dit, je voulais aider un type d’individu bien particulier combinant un besoin évident d’apport moral et financier avec une capacité de nuisance pour le reste du monde, et si comme moi vous souhaitez aider tout en annulant, d’une certaine façon, le positivisme niais apporté à votre karma à cause de ces conneries, la solution est simple :
Parrainer un enfant soldat.
On estime aujourd’hui à environ 300.000 le nombre d’enfants soldats dans le monde, et pour continuer à se battre, ils ont besoin de vous. Oui d’accord, mais parrainer un enfant soldat, qu’est-ce que ça implique ? me direz vous. Et bien c’est simple, pour une somme modique, votre petit protégé bénéficiera:
- D’un apport supplémentaire en armes et munitions, afin de faire plus de victimes
- D’un accès à l’éducation (soit l’apprentissage des stratégies militaires de base dispensées par d’anciens gradés de la légion étrangère)
- D’un apport financier supplémentaire à sa solde qu’il envoie à son village, afin que ses parents envoient d’autres enfants dans l’armée et les groupes paramilitaires
- D’un surplus de drogue avant d’aller au front
- D’un bol de riz ou d’une banane par jour, suivant son C.L.G (Cliché de Localisation Géographique)
Bien entendu, il n’y aurait aucun intérêt à parrainer sans en retirer autre chose qu’une sorte de satisfaction personnelle (ce qui fait du parrainage, au fond, un acte totalement égoïste).
Ce qu’il faut savoir, c’est qu’avec le parrainage, vous prenez un engagement Ad Vitam Aeternam envers votre nèg…votre filleul (Ad vitam pour vous hein, lui s’il meurt, ce qui est assez fréquent, on vous le remplace), en conséquence, nous tenons à ce que le parrain soit aussi « proche » que possible de son filleul.
- Vous pourrez communiquer par courrier avec lui (lui vous enverra des dessins tout miteux vu qu’il ne sait pas écrire, mais c’est déjà pas mal, vous pourrez ainsi vous vanter auprès de vos amis de l’acquisition de pièces uniques d’art primitif) * NDR - Par ailleurs, j'afficherai chaque mois, sur ces pages, les dessins, courriers et photos que m'enverra mon petit protégé*
- Une fois la confiance et le dialogue établis, votre petit soldat pourra vous envoyer ses trophées de guerre (les oreilles, les dents, la kike, le scalp ou tout autre partie des ennemis qu’il aura dézingué). .. Ou ses propres membres moignonnés lorsqu’il se fera horriblement mutiler.
- Vous bénéficierez également d’une importante déduction fiscale (à hauteur de 66% sur la totalité de vos dons), parce que donner, c’est pas qu’une affaire de conscience
- Des actions chez Dassault
- Regardez comme il est heureux et souriant de jouer à la guerre pour de vrai -
Alors pourquoi hésiter, engagez vous dès maintenant, et envoyez vos dons à la fondation « Y’a bon la Guerre ». « Y’a bon la Guerre » est une marque déposée de l’association « Espoir et mutilation » appartenant conjointement à la « Atom-of-the-end Corporation » et au « fond de pension des mutilés et vétérans d'Irak ».
Le don minimum est de 50 euros mensuel. Photo de l’enfant soldat non contractuelle. 10 % de remise sur votre prochain don si votre filleul est abattu avant la réception à votre domicile de son premier courrier.
* Merci à ma femme pour les retouches photos et pour l'affiche. *
Que voulez-vous ?!!! J’ai immédiatement lâché mon écran et les ai pris sous mes bras pour leur offrir à manger deux belles assiettées chacun de gratin dauphinois fait maison... Quand on aime on ne compte plus les louches de nourriture tendrement mitonnée... par autre que soit qui plus est !
« Y’a bon le gratin ! » qu’ils disaient, heureux et le ventre bombé ! Ils étaient si mignons, si doux, si bien éduqués, le poil brillant, la babine luisante, l’œil reconnaissant, l’espoir sur les paupières d’un bon sommeil à venir et apprenant même quelques subtilités de la langue françaises, sachant enfin que "goûteux" existe dans la Rousse mais que "goûtu" non.
J’aurais presque eu l’envie de les parrainer tiens !
Je reste fasciné par cette capacité à retenir tous les jus de pression à froid venus d’une couille isolée, questionnée, quasiment torturée de répondre au pourquoi, au comment, au où, au quand, au combien, au quoi, mais restant fière et digne posée sur sa marche, et en cette aptitude au détournement des réponses en l’honneur de l’humour roi en son royaume le plus nèg... heu ! Noir.
Par contre la conscience, qui pourrait éventuellement servir à récurer le fond de plats à gratin, vous savez ce qu’elle vous dit ?
Bah oui, vous le savez, elle vous dit "maudis sois-tu !" :)