Coligny ordonna à deux de ses hommes de me « palper », afin de vérifier que je n'avais aucune arme.
Ses sbires fouillèrent mon sac, et lui remirent le bocal de formol auquel je tenais tant. Le vieux briscard n'ayant jamais vu une paire de couilles, décida de les extraire de leur contenant pour les donner à son chien, pensant qu'il s'agissait de « ba-balles ». Je ne paniquais pas, sachant le bocal sellé par un sorte de puissant sortilège.
« Ouvre ça pour les offrir à mon compagnon, et nous épargnerons peut être ta misérable vie, malgré ce que tu nous as fait subir par le passé !» me fit Coligny, sous les aboiements autoritaires de son roquet puant et les protestations virulentes de ses hommes. Il était clair et net qu'à l'instant ou j'ouvrirais le bocal, mon voyage n'aurait servi à rien, et qu'on me mettrait en pièce.
Je ne savais plus vraiment comment faire pour m'en sortir, et c'est à ce moment précis que quelqu'un prît les choses en main. Au moyen de je ne sais quelle arme, un inconnu mitraillait la zone. Son habileté au tir était proche de celle d'un gamin de trois ans, ce qui fait que j'ignore si les tirs m'étaient destinés, ou s'ils étaient destinés au gang des bannis. Dans un mouvement de panique, le gang remonta illico sur ses engins avant de partir la queue entre les jambes, quelques membres morts en moins.
Une fois le nuage de poussière dissipé, mon sauveur se décida à apparaître. J'engageais la conversation par un « merci » de rigueur, avant de me rendre compte à qui je parlais.
Il portait un collant ridicule style super héros, bien qu'un super héros masculin aurait le goût de ne pas s'habiller en collant rose et blanc. L'écusson qui ornait le torse de son costume était reconnaissable entre mille. Une pomme. Mon sauveur n'était autre que Granny. J'étais partagé entre l'envie de rappeler le gang pour qu'on reprenne notre altercation et qu'on me mette en pièce, et la tentation de me faire hara-kiri pour éviter le déshonneur.
« Alors Groumf, heureux de me voir ?
- Bordel de merde ! Granny, casse toi !
- Sympa. On m'y reprendra à te suivre pour surveiller tes arrières.
- Cette réflexion venant d'un type en collant, ça m'inspire pas confiance. Je t'ai dit de te tirer, tu fais baisser le niveau de ce récit !
- Ok, ok, je me casse… connard ! »
Je m'apprêtais à reprendre ma route quand le gang des bannis se pointait à nouveau à l'horizon, visiblement plus nombreux.
« Granny ! Granny ! Attend ! »
Je courais vers Granny, qui n'avait pas vu le gang sur le retour.
« Finalement j'ai besoin de ton aide, tu vas me filer ton costume ridic…ton costume, ton M-16, et tu vas prendre mes vêtements.
- Mais enfin pourquoi ?
- Si tu veux que je te laisse devenir mon bras droit, tu dois faire ce que je te dis ! alors grouille toi tête de gland ! »
Il s'exécuta sans mot dire.
« Bien maintenant tu t'allonges sur le sol, et tu fais le mort.
- Mais enfin pourquoi ?
- Bordel de merde on a pas le temps. Et puis merde. »
Le temps d'asséner un magistral coup de crosse à Granny, qui tomba dans les pommes -et le nez dans la merde, si je me souviens bien-, et d'aller me planquer plus loin dans un immeuble délabré, le gang arrivait.
Ils lancèrent des chaînes munies de longs crochets, plantèrent Granny avec, avant de le traîner derrière eux en direction du désert. D'ici à ce qu'ils se rendent compte que ce n'est pas moi, en admettant qu'il reste de quoi identifier Granny quand ils auront terminé de le tracter, je serai loin.
Avec un peu de chance, j'aurai même déjà vu Plaiethore, et mes couilles seront à nouveaux à leur place d'origine. Il me fallait maintenant me déplacer dans un costume de tarlouze, dans une terrible zone de non-droit, dirigée par les terribles (et nombreuses)... casquettes.