Alors que je me dirige lentement vers l'antre de mon ennemi, je repense inlassablement aux étranges événements qui m'ont amené jusqu'ici, jusqu'au point de non-retour. Je suis confiant, et puis après tout, je n'ai pas vraiment à avoir peur, puisque je suis déjà mort. Je me rappelle les mots de Serviteur : « Prend garde petit, lorsqu'un défunt meurt une seconde fois, il rejoint le terrible néant cérébral et cesse d'exister à tout jamais. ».
Je me souviens aussi qu'il m'a dit « Passe moi les bières » juste après, mais cela n'a aucune importance. Ce qui importe, c'est le moment présent, c'est l'ennemi qui m'attend, le dernier étage de cette haute tour, là où m'emmène l'ascenseur dans lequel je me trouve.
Vous aimeriez certainement savoir comment tout a commencé, et bien c'est très simple.
Tout débute le jour de ma mort. C'est cette obsession malsaine pour les phallus qui causa ma perte. Alors que je me rendais chez… Non attendez.
Revenons encore en arrière.
En fait les sources de cet épilogue auquel vous allez assister sont plus complexes encore. Certains se souviennent de mon combat contre cet être abominable venu tout droit des enfers et des décharges publiques qui, par une suite d'événements scabreux dont j'ignore les ramifications, s'était trouvé en possession de mes couilles. Et bien, tout part de ce point précis.
Après cet intense combat, je voyageais vers le nord, à travers les terres dévastées qui, autrefois, n'étaient autre qu'une quelconque région de ce pays qui fut un temps nommé France.
Mes blessures encore à l'air libre et mes vêtements déchirés n'étaient rien en comparaison d'une baisse flagrante de ma vision. Bien que ma vue revenait peu à peu, j'étais une proie facile pour les rôdeurs de la nuit, et perdre le peu que je possédais, à savoir un sac à dos contenant un bocal de formol scellé où marinaient mes couilles, m'était inconcevable.
Je redoublais de prudence, en espérant retrouver mes facultés assez rapidement, ou gagner la civilisation au plus vite. Il faut savoir qu'après l'ascension au pouvoir de partis politiques extrémistes un peu partout en Europe une vingtaine d'années auparavant, les pays membres de l'union, avant d'avoir pu se faire la guerre, s'étaient ruinés économiquement grâce à leurs idées archaïques et autarciques. Suite à l'effondrement des gouvernements, les diverses régions composant les pays étaient devenues des états indépendants, et cela avec plus ou moins de succès.
Où que l'on aille, on n'était guère en sécurité.
Etant donné qu'il me fallait l'aide d'un puissant mage dont les pouvoirs ne seraient pas déficient face à l'absurdité de ma situation, je devais recourir à l'aide précieuse de Sieur Plaiethore, dit le mage Dada.
Le bougre vivant hors espace/temps ou étant absent je ne me souviens plus, je devais m'adresser à son apprentie, Paracelsia, pour trouver le mage. Ainsi je me dirigeais vers la mégalopole indépendante parisienne, enfin vers le nord quoi, mais j'ai déjà apporté cette précision géographique. (Si t'essayais de suivre un peu.)
Oui, seul Plaiethore pouvait me rendre l'usage de mes testicules. Et bien que ces deux ovales ne semblaient avoir d'importance que pour moi, j'allais découvrir qu'ils étaient d'une importance capitale pour la survie de l'humanité. Bon j'exagère peut être un peu, mais c'est pour vous donner une idée.
Durant quelques jours, mon odyssée se déroulait sans incidents, ce n'est qu'à quelques heures de marche de Paris, dans la banlieue en ruine, que je tombais sur un groupe de bras cassé en surnombre pour l'estropié castra que j'étais. On les appelait, les « bannis ». Et bien évidemment, un malheur n'arrivant jamais seul, les membres de ce gang de tarlouzes était un panel de nombreux de mes anciens ennemis. Autant dire qu'à eux tous réunis ils devaient atteindre les douze ou treize de Q.I, mais dans ce genre de situation, c'est l'effectif humain qui prime sur l'intellect. Il convient simplement de dire que j'étais dans une merde noire.
Ils circulaient sur des engins rafistolés avec des échantillons de tout engin motorisé qu'on pouvait trouver dans les bad-lands désertes aux abords des grandes cités. J'ai même vu une fois un gang se déplacer à l'aide moissonneuses batteuses, et que j'ai semé en courant.
Pour en revenir au gang des bannis, qui tournoyait en cercle autour de moi, avant de s'arrêter pour descendre de leurs poubelles motorisées, il était constitué des plus grands abrutis qu'on aie connu. Je reconnaissais Thoughts Of Child, Revolution.07, Rock'n'bitch, Apocalypse, Angelphoenix, Culgotik, et bien d'autres. Leur chef, le terrible Coligny, s'avançait vers moi accompagné de son second, son fidèle bras droit, un…bouledogue.
Bien que les ayant écrasé par le passé, je me devais de rester calme et de ne rien tenter pour le moment.