Mardi 6 juin 2006 à 0:21


A Nancy, nos pas dansent au rythme de la pluie qui martèle le pavé, et des ivrognes trempés vous demandent quelques piécettes ensoleillées sous un ciel gris. Cette pluie qui, par son voile de cristal frappe sans distinction, sans sommation, et chasse crasse, solitude et imperfections.
Les odeurs de kebabs se marient avec les effluves des greluches qui, d'un air de dédain, vous agressent les sens, tandis que les punks de la gare en font de même et s'en vont pisser avec leurs clébards au coin de la place Thiers, où s'affairent les dealers du néant remplissant leurs casquettes.

A Nancy, au coin d'une gouttière située boulevard Jean Jaurès, on cueille la prostituée slovaque ou togolaise, et tandis que ces fruits croissent en toutes saisons, on s'émerveille de voir qu'à la faveur propice d'une nuit de folie et dans l'humidité du printemps, une blonde a poussé devant la demeure d'un ami.
Si t'es remonté ou que t'as le cafard, fais un détour par la place Stan, où bourgeois friqués et restaurants chics côtoient sans gêne les prolos endimanchés (et inversement). Et si t'as la descente aussi facile que le contact humain, une ribambelle d'idéalistes massacrant des classiques de la chanson à coup de guitares mal accordées t'attendent avec de la bière à la Pépinière. Le garde municipal aussi, pour te dire que l'alcool y est interdit.
On reconnaît d'instinct le touriste qui s'émerveille encore de musées où, pour rien au monde, je ne mettrai à nouveau les pieds, ou simplement le mec pas du coin, que notre dialecte de lorrain laisse perplexe.

A Nancy, les gens sont mornes et sans âmes tel des zombis, c'est ce que j'aime chez eux, ils sont aussi gris que l'est la ville sous les averses. Cette attitude froide et réservée, cette sensation de n'appartenir qu'à son propre monde sous sa carapace, et pourtant à chaque coin de rue on trouve une histoire unique, sous chaque parapluie il existe un monde à découvrir, et nos rues deviennent alors des galaxies.
Le ridicule côtoie aussi bien l'inutile que l'abject et le surfait, tandis que passe le tram de l'insouciance. Le centre ville est le poumon encrassé de l'ennui et son oxygène se répand dans des rues dont j'ignore le nom. Est-ce ma faute à moi, si dans certains quartiers à part les pigeons qui vous perlent dessus, il n'y a rien à en dire.

A Nancy, la vieille ville s'endort dans ses relents d'alcool le dimanche soir, quand les maris cocus se consolent sur l'épaule de jeunes célibataires noyant la solitude qui est la leur dans un demi bien frais, cachant leurs larmes aux sons irlandais venus tout droit du Médiéval. Et quand Saint Georges indique une heure, les quelques âmes errantes profitent du silence, déambulant sans destin, laissant à d'autres le soin de cueillir de la pute ou de la blonde sous le regard des réverbères, avant de finir à l'Envers.
Loin du chahut et des bruits, loin des fêtes estudiantines, loin des groupes de jeunes assis en tailleur et tirant sur le joint, loin des bars et loin des Hommes, j'appartiens à ces ombres sans histoire qui ne vivent que pour voir la lune bien haute dans le firmament. Je suis comme ces larmes du ciel, ni vraiment d'ici ni vraiment d'ailleurs. Je tombe où bon me semble.

A Nancy, mes pas dansent au rythme de la pluie nocturne qui balaie nos vies, et je déambule sans but vers l'infini.


Par Paracelsia le Mardi 6 juin 2006 à 0:24
A éffluves, j'ai eu des remontées... Tout ça pour dire qu'on doit pas s'emmerder à Nancy!
Par eXupery le Mardi 6 juin 2006 à 8:41
pfff, espèce de poète!
Par ankou le Mardi 6 juin 2006 à 11:16
C'est marrant, j'ai presque l'impression que tu décris ma ville ^^ L'acool est interdit à la pep ?
Criant de vérité ! "cachant leurs larmes aux sons irlandais venus tout droit du Médiéval" là je me sens carrément citée !!
Par thegrannysmith le Mardi 6 juin 2006 à 13:14
tous à nancy !
Par nelizpuce le Mardi 6 juin 2006 à 23:57
des fois il me fait peur le petit
comme quoi il aurait une âme ...
Par atom-of-the-end le Mercredi 7 juin 2006 à 11:29
faut pas pousser non plus... un âme
t'en as de bonnes toi des fois neliz ^^
Par jiria le Mercredi 7 juin 2006 à 19:09
Il est où le Médiéval déja Ankou ? :D
Par nelizpuce le Jeudi 8 juin 2006 à 17:34
beuh pas ma faute c'est toi qui me fait douter parfois >_<
Par Kristallnacht le Vendredi 9 juin 2006 à 12:57
A nancy ont se fait surtout chier -_-.
Par melodynel le Samedi 17 juin 2006 à 11:21
C'est faux...
A Nancy, je m' oublie dans les oublis, et je respire cet air dont je suis éloignée mais qui est en définitive mien... A Nancy, pas loin de la place Stan', il y a le restaurant l'arrosoir où l' on mange si originalement...
A Nancy tout est doré, et cela a beau être faux, c'est gai.
A nancy, en hiver, on s' y sent aimé, je m' y sent réchauffée, à Nancy, il y a un pan de ma vie que je ne peux oublier...
Par Niarf le Samedi 26 août 2006 à 5:13
Nancy, j'ai rien à en dire, à part que c'est une grande ville comme les autres...pleines de gens, bons et mauvais, certains cons, d'autres pires...
Mon p'tit groumf, tu me décois...
Je preferais groumph
Par atom-of-the-end le Samedi 26 août 2006 à 14:57
heu... Niarf, j'peux savoir qui tu es ? simple curiosité.
 

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