A l'instar de tous les bloggeurs du pauvre, je viens moi aussi de faire une étonnante découverte : Nous venons de passer en 2006. Incroyable n'est ce pas ?
Et quel bonheur ! Quelle joie ! Quelle émotion même, d'entendre tout ces coups de klaxons d'automobilistes bourrés et ces crissements de pneus; ces doux bruissements de tôles froissées, de phares qui se brisent et ces impacts violents, couverts par les hurlements de victimes se consumants vives dans leurs autos ou passant au travers d'un pare-brise et les sirènes de pompiers venant les tirer de cette situation atypique.
Quelle allégresse s'empare de moi, émerveillé par ce cortège d'ambulances aux gyrophares tourbillonnants dans la nuit, avec à leurs bords les moins résistants, ceux ayant succombé au coma éthylique, à moitié étouffés dans le vomi et les restes de petits fours et autres toasts au foie gras. Et quelle organisation, demain ce sera le tour des victimes d'intoxications alimentaires provoquées par l'ingestion de fruits de mer aussi frais que l'haleine d'un chauffeur de taxi marseillais.
Quelle douce sensation, de voir ce clochard affalé au bord d'un trottoir une bouteille de rouge à la main, comme si le temps n'avait pas d'emprise sur lui, ce qui ne doit pas être le cas de l'hypothermie.
J'observe le ciel, et je vois des cannettes vides qui s'éclatent au sol ou sur le crâne des protagonistes d'un nouvel an sauvage.
Tant de poésie, ca ne peut laisser personne de marbre. Pas même moi.
Comment ne pas se sentir comme overdosé de bonheur, à la vue d'un feu d'artifice illuminant cette fanfaronnade d'ivrognes ? Même cet homme en haut du toit, qui passe les fêtes seul et s'apprête à sauter dans le vide, gardera un magnifique souvenir de cet instant. « Ho la belle bleue ! » s'exclament les badauds en regardant le ciel étoilé… « ho la belle rouge » dis je lorsque je regarde sur la chaussée notre suicidaire, la tête (ou ce qu'il en reste) collée au macadam.
Ce défilé rouge-sang de blessures et contusions multiples, ballet subtil d'une nuit d'excès ou la police retirerait plus de la moitié des permis de conduire de France si nos amis les schtroumfs à matraque n'était pas en train de se murger au post en effectifs réduits.
Quelle beauté de voir tout ces jeunes ivres, défoncés, fumant un gros pétard symbolique pour la fin de l'année, histoire de bien commencer la suivante, sous le sigle « THC ». Je les vois, errant dans la nuit à la recherche d'un autre bar pour continuer le sacro-saint barathon, sous l'œil attentif du tôlier attendant nerveusement devant la porte de son bourbier insalubre, tremblant comme un puceau qui dégrafe son premier sous tif, avec une lueur marqué par le signe € au fond de son regard.
Et je les entends, je vous entends, hurler « bonne année » en articulant comme un autiste au milieu du vacarme, de la folie alcoolique et des drames humains.
Et j'entends les douze coups de minuit sonner, et là, je pense aux médecins, qui demain se lèveront tôt pour poster les avis de décès à envoyer aux familles des victimes de la plus grosse beuverie de l'année, pendant que nous autres, pauvres petites victimes des excès gastronomiques et alcooliques nous tordrons de douleur, en nous tenons soit la tête soit le bide... soit les deux.
Quel drame humain. Quelle injustice. S'il y avait un dieu sur terre, la gueule de bois n'existerait pas. Ce fléau du monde moderne n'a fait que trop de victimes. Dans sa grande bonté, le tout puissant créa l'aspirine.
Et les cotillons tombent, il pleut des paillettes sur la neige ou le pavé, et l'espace d'un instant, le temps n'existe plus, la peine n'existe plus, le malheur n'existe plus, plus rien n'existe, seulement le mal de crâne et l'envie de gerber, de retapisser la ville au couleur du repas du soir à peine digéré.
Que de poésie en ce nouvel an, pour celui qui sait voir la beauté où elle ne se trouve pas. Ce qui quelque part est notre cas à tous le soir de nouvel an.
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( et bonne gueule de bois à tous
résolution de l'année : être encore plus méchant, mesquin et antipathique)
Que tout tes desir se realise...
2006 bisous pour cette nouvelle année..