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Les jours passèrent, et mon attachement pour ce grand gaillard poilu ne faisait qu'augmenter; tout deux nous épanouissions dans une franche relation platonique amicale comme seul les vrais mâles gonflés à la testostérone savent en avoir.
Fini les longues soirées solitaires à se morfondre, désormais, Christian et moi étions comme les deux doigts d'une même main, bien qu'une main possède plus de deux doigts mais ne jouons pas sur les mots.
Nous passions des soirées entière a discuter, la barrière du langage primitif qui était le sien ne nous arrêtait pas; car il est des sentiments qui passent par delà les mots. L'harmonie, aucun mot n'aurait pu décrire autrement ce que je vivais; j'étais loin de m'imaginer ce qui allait se produire.
Nous menions une parfaite vie de célibataire; Christian avait trouvé un emploi d'ours à mi-temps dans un zoo, bien que non diplômé dans cette spécificité, il à su prouver qu'il été né pour faire l'ours.
Chaque soir, nous faisions la bringue, chaque matin nous nous gavions d'aspirine pour lutter contre la gueule de bois; mais je sentais bien que quelque chose n'allait pas; ce n'était pas moi, c'était lui, non pas sa détestable habitude de me céder tout ses tours de vaisselles, de vider mon frigo, ou bien encore le fait qu'il prenne les deux places de mon lit deux places...non rien de tout ça; Christian était un ami d'une si grande valeur que je passais outre ses petits défauts, et si je ne passais outre, il saurais bien me rappelais qu'il valait mieux pour moi être son ami plutôt que son ennemi.
Mais je sentais bien que quelque chose ne tournait pas rond...pendant toute nos soirées; qu'on soit seul ou entouré, chez nous ou en boite, dans un bar, n’importe ou, il y avait un moment ou l'on pouvait lire une profonde détresse dans les yeux de cet ours...il ne dansait même plus le twist, c'est vous dire...il a tenté un temps de se mettre au disco; mais ce n'était que reculer pour mieux sauter...
Et puis un matin, Christian a disparu, discrètement, sans avertissements; il était parti de la même façon qu'il était arrivé.
Pendant des semaines j'ai erré, à sa recherche la plupart du temps, pour boire un coup de temps à autres, imaginant les pires scénario; qu'avait il bien pu arriver à mon ours? je ne l'ai jamais retrouvé
Les années passèrent, j'avais oublié Christian, mais le vide laissé par sa disparition n'avait jamais été comblé; je ressentais toujours au fond de moi la vanité totale de ces choses qui constituent ma vie, je ressentais cruellement son absence de sens; et puis un soir en rentrant chez moi; je vis non pas un ours, pas mon ami l'ours, mais bien quatre ours, une femelle apparemment et ses trois petit; j'étais tétanisé; ceux la ne dansaient pas le twist, ne portaient pas de caleçons à coeurs, et semblaient déterminés à me dévorer.
Sans chercher à comprendre, j'empoignai mon fusil et grôla le cul de ces importuns avec du calibre douze en pleine poire; d'abord la mère, la plus dangereuse, ensuite les petits, à bout portant ... un bain de sang ! Des tripes, des viscères et des bouts de barbaques partout dans l'appart' ! Je me sentais soulagé, dans ce silence macabre, quand j'entendis un grognement derrière moi, au bout du couloir.
Iil me restait une balle; je devais agir vite; j'étais une implacable machine à tuer, j'entends encore l'animal se ruer vers moi, l'assassin de sa progéniture;
j'esquisse une esquive, évite le coup de patte, passe dessous l'ours, fais une roulade, l'ours se retourne, gueule ouverte... face à mon canon.
il comprend qu'avant même que je presse la détente, il est déjà mort.
Je le regarde droit dans les yeux, ceux ci me font signe de regarder vers le bas; cet ours porte un caleçon à coeur; et soudain je comprends tout : cet espèce d'enculé d'ours et sa famille ont massacré Christian, pour le délester du peu qu'il possédait, son caleçon...maudit ours, s'il croyait que j'allais le confondre avec Christian; en toute réponse à ses gesticulations sensées lui faire gagner du temps mais qui était une insulte à la mémoire de mon compagnon; je n'eu qu'un seul geste : tirer ma dernière cartouche, en mémoire de Christian.
La messe était dite, et il y'avait de la cervelle au plafond; Christian était vengé.
Ainsi s'achève mes amis, l'histoire de Christian, j'aime à penser qu'aujourd'hui il est heureux.
Un jour, en faisant le ménage, j'ai retrouvé une lettre de Christian, un mot sur deux était de l'ours, mais en substance il me disait ceci; " ma femme est sur le point d'accoucher de notre troisième ourson, je vais tenter de recoller les morceaux avec elle, m'en veut pas; je passerai te voir un de ces jours avec ma petite famille;
Ps : j'ai embarqué les bières"
J'étais heureux pour lui, j'espérais au fond de moi, que ce maudit ours qui portait son caleçon n'avait pu lui prendre que ça, et que Christian avait pu rejoindre sa famille. Dans le cas contraire, il était vengé.
Moi dans l'histoire? J’ai orné mon mur de magnifiques fourrures, et j'ai de la viande pour un petit moment; et chaque jour, j'ai une petite pensée pour Christian; mon ami, mon frère, mon ours.
fin.