C'est solidement harnaché sur un brancard qu'on me conduit en des lieux inconnus et pourtant familiers. Je tremble, j'ai chaud et froid en même temps. De cette nuit d'orage je ne conserve qu'un vague souvenir trop flou, et pourtant je sais que j'ai commis l'irréparable.
Les voix sont caverneuses, assourdissantes, j'ignore ce qui se passe, mais cela ne semble pas être de bon augure pour mon modeste matricule, réduit à l'état de prisonnier en proie à l'hystérie la plus démente.
On me place dans une sorte de cellule, et dans mon délire, je comprends néanmoins où je me trouve. Je suis en institut psychiatrique. Je suis chez les dingues.
Dans un premier temps je suis rassuré, ce fait indéniable prouve que je n'ai guère halluciné en voyant un vieillard déféquer non loin de l'entrée, pour ensuite la jeter sur des types ressemblant plus à des morts-vivants qu'autre chose, sans qu'on observe ne serait ce qu'une réaction de leur part.
Mais très vite, je réalise la gravité de la situation et tente en vain de reconstituer le puzzle des événements m'ayant conduit ici. Je finis, malgré les spasmes et la sueur, par m'endormir. Les heures et les jours passent, ou peut être simplement quelques minutes, et je ne saurais dire exactement combien de temps s'est écoulé entre mon arrivée ici, et l'entrée dans ma cellule, de cette infirmière approchant la cinquantaine.
« Qu'est ce que je fous ici bordel de merde ?!
- Calmez vous monsieur Groumf, ou je me verrais dans l'obligation de vous administrer un sédatif.
- Pourquoi est que je suis ficelé comme ça ?
- Vous étiez sujet à une violente crise de manque… Pour votre sécurité nous avons été contraint de vous attacher. »
Elle s'affaire autour de moi, mais je suis obnubilé par ce que je viens d'entendre.
« Une crise de manque ? Mais je ne me drogue pas !
- Niez votre problème tant que vous voudrez, mais cela ne le résoudra pas.
- Mais je ne nie pas mon problème enfin !!!
- Si, d'ailleurs vous venez de recommencer. Vous pouvez mettre la tête dans le sable, cela ne change rien au problème, et ça ne rachètera pas les conséquences de vos actes de violence.
- Les conséquences de mes actes de violence… ?
- La mémoire reviendra petit à petit lors des séances de groupe, monsieur Groumf.
- Des séances de groupe ?
- Vous devez vous reposer maintenant.
- Mais je dors depuis je ne sais quand ! Je n'ai pas sommeil ! Et je veux qu'on me détache.
- Calmez vous et cessez de vous agiter !
- Libère moi pourriture de fonctionnaire à gros cul ! »
C'est alors que sont entrés deux infirmiers plutôt costauds, et alors que je pensais déjà que l'un des deux se préparait à me sodomiser, l'autre piquait mon bras d'une aiguille, avant de m'injecter je ne sais quelle drogue pour me forcer à dormir.
Au petit matin on me réveille. J'ai mal au cul. On s'excuse de m'avoir placé dans l'aile « cube », recueillant uniquement des personnes, pour ainsi dire, tarés. L'aile « Toxico », qui prend en charge les camés, était complète.
On me dit que malgré mes protestations, je nie mon problème plus qu'autre chose, et on me fait savoir que je devrais opter pour une attitude plus constructive afin de laisser les psychologues m'aider à résoudre mon problème de dépendance.
Je sors du bâtiment accompagné d'un molosse infirmier, qui dès que nous croisons un patient, évoque les tares dont il souffre, avec un franc parlé peu médical.
« Lui, on l'appelle Jésus.
- Jésus ?
- Jésus. »
Je pense avant tout à demander pourquoi, mais lorsqu'on le croise, l'infirmier renchérit avec son diagnostique.
« En fait il a tellement touché aux drogues qu'il n'est jamais redescendu de son dernier trip. »
Arrivé à ma hauteur, « Jésus » se met à hurler.
« Vous serez tous damnés, mon père va salement vous niquer vot' gueule ! Confessez vos pêchers et moi, Jésus, je vous conduirai au royaume de Dieu. Confesse toi enculé ! Confesse toi !!!! »
Dix mètres plus loin, « Jésus » croisait un autre patient du centre, Jean-Claude Goupil, qui lui, se prenait pour Mahomet. Il asséna un coup d'un coran qu'il copiait minutieusement sans rien y comprendre, sur le crâne de Jésus, qui s'empressa de mordre les couilles à son agresseur, en lui ordonnant de se repentir.
« Et vous n'avez pas de bouddhistes ici ?
- Si bien sûr, un seul, mais on s'en sert pour remplacer la statue de la fontaine qui se trouve dans le jardin du centre hospitalier. »
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Bon et bien j'ai récupéré un P.C (enfin un australopithèque, pour remplacer mon dinosaure) donc ce blog peut reprendre une activité normale le lendemain même de sa mise en stand by. Demain je poste la seconde partie de Dépendance Day.
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