Sombrant décidément tête baissée, la queue molle et la fierté aux oubliettes dans la mélasse propre à sa condition d‘entité subdivisée en castes d‘imbéciles, notre beau pays vient encore de franchir un nouveau cap. Pour couper court à toute supposition et interrogation, je parle bien entendu de cette idée faussement bonne mais réellement abjecte visant à infliger à un enfant l'obligation de commémorer le nom d'un morveux juif déporté durant la « Shoah », dans le but de se souvenir. Pourquoi Est-ce que je m‘élève fortement contre cette idée ? Et bien, pour être Franc, c'est pas les raisons qui manquent à l'appel.
Pour commencer, je m'insurge contre l'obligation de mémoire, voir même contre le devoir de mémoire. La mémoire n'est ni un devoir, et ne doit surtout pas devenir une obligation. D'une part, revenons sur le terme employé. La « Shoah ». Je trouve qu'imposer le souvenir de la shoah est réducteur de l'ampleur de massacre perpétré par les nazis. La shoah désignant en effet le massacre du peuple juif uniquement. Le terme holocauste serait plus approprié - si on prend en compte l'évolution du terme et non pas le sens biblique premier - ne serait ce qu'envers la mémoire de tous ces gentils homos, tziganes, trisomiques et autres gunteïformes qui ont accompagné Benichou, Levy, Cohen et consorts au four. Le devoir de mémoire c'est bien joli, mais quand on oublie un quart des victimes – ce qui se chiffre quand même en millions- ça devient insultant pour ceux que le devoir de mémoire jette aux ordures pour se concentrer sur un groupe d'individus, aussi respectables soient ils (Rappelons la diligence de ce même peuple juif à l'égard de son voisin Palestinien…)
Donc, pour bien éclaircir les choses, se concentrer sur la shoah, je trouve ça limite. C'n'est pas que j'ai quoi que ce soit envers les juifs, allez pas vous imaginer des choses sous prétexte que je suis d'origine teutonne, mais faire ainsi une préférence outrageante parmi toutes les victimes de la déportation, je trouve ça scandaleux. (en réalité je m'en tape, c'est juste pour avoir un sujet contre lequel gueuler, ne vous imaginez que j'ai une quelconque conscience)
D'autre part, qu'un régime démocratique – j'insiste bien sur le « démocratique »- ordonne à ces plus jeunes citoyens –et là, j'insiste bien sur le « ordonne »- de se souvenir… Sous peine de quoi ? Une obligation, par principe, est précédée de sanctions si elle n'est pas scrupuleusement suivie, en règle générale. Au nom de quoi, obligerions nous quelqu'un à se souvenir ? Ce système, qui vise donc à ce que l'humanité n'oublie pas dans quelle horreur le fascisme a fait sombrer l'Europe, utilise les mêmes procédés rétrogrades qu'elles voudraient qu'on ne reproduisent pas. On impose, on effraie - on punit ?- On masque ça sous une grande cause et le tour est joué ? Et pour couronner le tout, revenons l'espace d'un instant, s'il vous plait, à l'autre magnifique paradoxe qu'offre notre république laïque. - la j'insiste bien sur le laïque - Une république laïque n'a pas a faire une sorte de favoritisme, d'accorder un privilège, à une caste religieuse quelle qu'elle soit. Hier encore, on expliquait que dans un soucis de laïcité, on ne pouvait tolérer des signes ostentatoires d'appartenance à une religion dans l'enceinte d'une école publique, ce qui est une bonne chose - rappelez vous le jour où il a fallut « dévoiler » toutes ces idiotes qui revendiquait le droit à la soumission - et voilà qu'aujourd'hui, on explique qu'il faut accorder une attention particulière à un peuple en faveur de sa religion et du fait qu'ils furent malheureusement persécutés ? (ce qui ne date pas d'hier en plus, relisez donc la bible. Pourquoi se concentrer alors sur la shoah, et non pas sur l'ensemble de l'histoire des juifs, jonchée qu'elle est de persécution en tous genres.)
L'autre point sur lequel je souhaite attirer votre attention - c'est que mine de rien j'ai réfléchi au sujet putain - c'est, et ça, c'est malheureux, cette tendance presque chrétienne de se flanquer un complexe de culpabilité dans le cul pour se sentir mieux. Pire que tout, infliger à une génération qui n'a rien connu de l'holocauste, et qui avec le programme d'histoire collège/lycée, le découvrira bien assez tôt, ce complexe de culpabilité, ce syndrome du survivant. (Je me souviens que la dernière fois de ma vie où je fus choqué, c'était en cinquième, lorsqu'on nous fit visionné un documentaire très explicite sur les tortures et expériences diverses qu'ont pratiqué les nazis. Est ce qu'on nous a laissé le choix de visionner ou non ces horreurs ?) Car que va-t-il résulter de cette obligation de mémoire, si ce n'est la culpabilité ? Comment l'enfant percevra-t-il les horreurs qu'ont enduré des enfants de son âge, soixante ans plus tôt ? Et surtout, au nom de quoi, doit-il le savoir absolument ? Doit il être punit ? Punit pour quoi ? Pour avoir la chance de ne pas être né à cette époque ? De ne pas être né juif durant cette période sombre du passé européen ? Punit d'être né ? A-t-il fauté, cet enfant ? Avons-nous fauté ? Sommes nous condamnés par la chance de notre naissance ? Doit on payer encore, pour les erreurs de gens qui ne sont plus de ce monde ? « Raaaaaaaaah je suis si sale, je suis mauvais, je suis méchant ! » dit-il en se flagellant à coup de saucisses.
C'est malheureux de devoir dire ça, car c'est uniquement une preuve de bon sens que de comprendre ça instinctivement, mais nous n'avons pas à culpabiliser pour les erreurs passées de l'humanité, d'une époque qui n'est pas la nôtre. Si on veut commencer, c'est la porte ouverte à tout. Culpabilisons donc pour natifs américains - les emplumés qu'on appelle à tort indien - que nos libérateurs de 1945 ont exterminé. Ces mêmes libérateurs qui, à l' époque où ils s‘opposèrent vaillamment à l‘envahisseur nazi, pratiquaient encore l'apartheid. Ces libérateurs chez qui les noirs n'étaient même pas considérés comme des Hommes. Culpabilisons aussi pour le génocide arménien tiens. Dans l'élan, pleurons pour ces siècles de colonisations de saccages et de meurtres à grande échelle. Culpabilisons pour les opposants que Staline envoyait au goulag. Culpabilisons pour tout ceux qui, à l'heure actuelle, se font allègrement massacrer, en Asie, en Afrique, en Europe de l‘Est - les tchétchènes tiens - . Culpabilisons ! D'être né humains, impurs, d'appartenir à l'espèce qui s'entretue sur la base de critères abjectes. Moi ce qui m'effraie, c'est la connerie, car à commémorer un drame, en minimisant / dramatisant son aspect et le réduire à sa forme la plus simpliste, c'est admettre l'idée que c'est juste une anecdote, un truc horrible certes, mais quelque chose qui n'existe plus, qui ne doit pas se reproduire tout au plus, alors qu‘il perdure en réalité, à l‘heure où nous parlons juste de nous souvenir. Les génocides continuent, c'est ça, qu'il faut que les enfants comprennent. Le devoir de mémoire sera de mise quand on aura balayé le présent, et il ne devra pas se contenter de pleurer uniquement le peuple juif.
Ensuite, et ça, ce n'est pas quelque chose de profondément ancrée comme une vérité absolue, mais ce genre d'obligation, je le crains, ne risque de renforcer une certaine germanophobie. Ne me dites pas qu'on associe pas systématiquement, et encore à l'heure actuelle, les Nazis et le peuple allemand en général, et le peuple allemand actuel - qui n'a rien à voir donc avec le peuple allemand des années 30 - en particulier. Rappelons ce triste événement, pourtant récent, où des correspondants allemands se sont fait insulter de sales boches, de nazis, dans un lycée français. Le peuple allemand doit il lui aussi vivre avec cette tâche indélébile éternellement ? Un pays, une nation, c'est une part d'histoire certes, mais c'est surtout une population, ici, maintenant, dans le présent. Il serait peut être temps de cesser de regarder le passé avec ce regard autiste, manichéen, réducteur et schématique en pensant que cela nous fera avancer. A trop regarder partiellement les drames d'hier, nous en oublions que le passé n'est pas ce qui fait la valeur d'un peuple, que ce soit positif ou négatif. Ce qui fait sa force, ce sont les choix déterminants qu'il fait aujourd'hui.
Pour conclure, a ceux qui penseraient que pour tenir un discours pareil, où l'on refuse catégoriquement cette obligation qu'on transmet telle une damnation mémorielle, je vous répondrai simplement qu'il n'appartient pas à un système de forcer l'individu à prendre conscience des erreurs du passé.
La prise de conscience, c'est avant tout un travail personnel, bien plus efficace et bien plus fort qu'une obligation quelconque. La prise de conscience n'a de valeur que si elle prend racine dans la curiosité et l'épanouissement individuel, pas sous la contrainte. Elle ne doit avoir pour but que l'enrichissement personnel, et ne pas risquer de servir de prétextes à la dérive en l'imprimant dans une mémoire collective, ni de devenir une dictature du souvenir.
Et puis nous pondre l'obligation de mémoire et nous instaurer la rétention de sureté dans la foulée - une loi directement pompée sur les lois de Weimar - c'est quand même puissant.
Outre développer un anti-germanisme chez les gosses, me demande si ça ne va pas développer un antisémitisme au sein d'autres communautés qui n'ont pas "ce" privilège d'être les victimes numéro 1, avec tous les discours victimaires qu'on entend de nos jours.
Ces conneries ne me surprennent pas tant que ça à vrai dire, ayant eu connaissance il y'a quelques temps du procès de la SNCF (été 2006) pour avoir "aidé" à déporter les juifs vers les camps. Ils ne l'ont pas fait de leur plein gré, mais la famille plaignante a du "oublier" ce détail. Résultat les descendants ont touché quelques dizaines de milliers d'euros (ou des centaines ? me rappelle plus) et depuis les plaintes ont afflué par milliers... Ils auraient aussi dû inculper les petits enfants des mineurs qui fournissaient le charbon aux locomotives, c'est aussi de leur faute après tout !
"C'en est fini de l'ère de la repentance !" disait Sarko, je crois qu'il sous-entendait le prochain passageà la vitesse supérieure, à savoir l'autoflagellation.
Sur ce, je vais m'infliger une strangulation par pendaison.