Les sourires dessinés sur ma peau étaient loin d’être aussi profond que les fêlures de mon âme, poussière d’une innocence violente dispersée depuis longtemps aux quatre vents. Mes abîmes épidermiques vous murmurent. Longtemps, j’ai ressenti haine, regrets, frustration et peur, mais aussi terribles qu’étaient mes terreurs nocturnes, il n’est aucune obsession picturale que l’on ne parvient à maîtriser avec le temps. Avec l’âge, les regrets s’émoussent et ne semblent plus aussi acérés au quotidien, tandis que la frustration laisse place à l’épanouissement. Mes abîmes épidermiques vous appellent.
Il est cependant des choses qu’on ne peut raisonnablement oublier, une extrême onction qu’on ne saurait s’accorder, un soulagement qui ne trouve sa place que dans l’oubli et la négation. La haine ne s’oublie pas, ne se soulage pas, ne s’éteint pas. Elle brûle, détruit avec le même acharnement qu’elle façonne. Mes abîmes appellent d'autres abîmes. La haine, à l’instar de l’existence, est un forgeron. Il est dans la nature de l’Homme d’être une arme. Il est dans ma nature d’être encore plus que ça. Je suis ce feu purificateur, sans cesse renouvelé, cette vie qui se créé à mesure qu’elle se détruit. Ce feu qui engendre et terrasse. La seule différence entre hier et aujourd’hui réside dans le regard que mes peurs portent sur le monde qui les observe.
Désormais, cette peur, cette terreur, c‘est vous qu‘elle observe, car d'une abîme à une autre, je vous murmure, et vous tire vers moi.