Lundi 9 avril 2007 à 13:33



C'est par une fraiche nuit, à 23 heures et onze minutes précises, que je montai dans le train, gare de Marseille, pour qu'au terme de huit heures de trajet se profilent devant moi les nobles paysages lorrains. Passons vite sur l'incident qui vit un gros puant demander sa place à mes côtés, tandis qu'au préalable j'avais placé mes propres affaires afin de lui faire qu'il y avait quelqu'un, pour l'inciter à demander au contrôleur, noble fonctionnaire au poil soyeux, s'il y avait possibilité pour lui d'être placé autre part… Que voulez vous, j'aime avoir de l'espace et dormir sur deux sièges.

Arrivé aux premières lueurs du jour, je me re-familiarise avec les us et coutumes de la faune nancéienne. Comment qu'c'est gros ? Git's ? Pâté lorrain et fraîcheur matinale. Mais la première chose qui me frappe, c'est l'absence totale de hordes de lorrains, pétrifiés par ma seule arrivée, et venant en masse m'accueillir comme on accueille un féroce dictateur, avec crainte et respect. Alors on se tape huit heures de train et tout ça pour quoi ? Non mais franchement…
Pire que tout, l'atmosphère pesante et grise semble avoir disparu. Que reste-t-il de ce Nancy froid et désagréable. Et moi, que m'arrive-t-il ? Car au fond de moi je ressens une sorte de joie naïve d'un employé modèle en congé payé… Se pourrait-il que les choses aient à ce point changé ? Là, je repense au gros puant contraint de voyager ailleurs qu'à sa place, juste pour me rassurer.

Rapide retour au domicile parental, visite assidue de mon plumard, pâté lorrain à nouveau et petite sortie pour renouer avec l'environnement naturel d'un Groumf. Et là, l'horreur atteint son apogée. Des visages radieux, des sourires sur toutes les lèvres, des enfants qui ne pleurent pas, la Mélodie du bonheur sodomisant joyeusement la Petite maison dans la prairie sur fond sonore de Pierre et le loup. C'est plus que je ne puis en supporter. J'avance et me place au milieu de la foule, j'éructe un cri barbare, je hurle « Groumf », comme pour signifier mon retour triomphant… où marquer mon territoire, mais pour ça je préfère pisser contre un arbre.
Soudain, la foule se glace, les enfants pleurent, la crainte s'installe, et je songe qu'il est bon de se sentir chez soi. Je passe mon chemin, sentant les regards sur moi, ces regards qui disent « mais c'est qui ce tordu ? ».
Je déambule au hasard, et mes pas  me mènent à la pépinière. Ici encore, le même psycho-drame : Plus aucun jeune ivre et mal habillé en train de s'exploser le foie au panaché, les dealers et l'insécurité qu'ils cultivaient, tout ça envolé, les enfants sont heureux, les parents sont confiants…

Il faudrait plus qu'un hurlement barbare pour me remonter le moral. Mais qu'est il donc arrivé ? Quel genre de cataclysme dans l'équilibre cosmique mon départ a-t-il provoqué ? Cachez-moi ce bonheur et cette insouciance que je ne saurais voir. Vite il me faut un pâté lorrain. Je trouve une boulangerie, me gave, mais à peine en ai-je terminé avec cette succulente spécialité que la boulangère se risque à me faire remarquer que les pâtés lorrains végétariens semblent être tout a fait à mon goût. Interloqué, je lui ris au nez en précisant qu'un pâté lorrain sans viande, ce n'est pas un pâté lorrain, et que ça n'existe pas. Elle affirme le contraire, et ajoute que tous les pâtés lorrains de la ville sont désormais sans viande. Les larmes montent, je dois m'enfuir, me cacher, loin de cette folie qui envahit cette ville, et dégueuler un coup.
Toute la journée, le cauchemar se poursuit, tout ce bonheur, toute cette joie, tous ces pâtés lorrains sans viande… Seigneur Dieu, que s'est il passé ?
Je marche, et ne suis plus que l'ombre de moi-même, en vain, j'ai cherché un handicapé moteur pour le jeter à terre et lui piquer son fauteuil, mais en vain, il n'existe plus d'handicapés à Nancy, pas plus qu'il n'existe d'eau de vie de mirabelle, ce qui est un problème d'autant plus grave que je comptais noyer mon désespoir dans l'alcool à 90.

A suivre.



Par ankou le Lundi 9 avril 2007 à 13:45
Quoi ? Manquerait plus que ça ! Et pourquoi pas une quiche lorraine sans lardons, et des chardons sans liqueur, tant qu'on y est ?
Par atom-of-the-end le Lundi 9 avril 2007 à 13:47
la quiche sans lardons, ça existe, un truc ressemblant vaguement à une quiche, mais sans lardons... même si lorsqu'on est un puriste, en aucune façon on ne peut se résoudre à appeler cette horreur une quiche lorraine.
Par Eyeless le Lundi 9 avril 2007 à 15:17
Une chose à dire : la mirabelle est une prune :)
Par atom-of-the-end le Lundi 9 avril 2007 à 15:21
et j'ajoute, à l'intention de certains esprits perturbateur, que lorsqu'on est un puriste, on se refuse à associer la mirabelle à la prune.
Par Eyeless le Lundi 9 avril 2007 à 15:40
Esprit perturbateur, ca me plait bien ca :)
Profites bien de ton séjour au pays des mirabelles et des quiches alors.
Par margritis (us) le Mardi 10 avril 2007 à 2:29
MERDE.
Par Deathknight le Mardi 10 avril 2007 à 11:39
plus d'handicapés ? plus de délinquance, ni de dealers ni de baba-cool ? alimentation végétarienne ?
ça sent pas la résurrection de Tonton tout ça ?

j'attends de voir la suite :)
Par jiria le Mardi 10 avril 2007 à 18:09
Quelle horreur ! Moi qui suis de retour, en provenance de Toulouse, j'ai constaté avec effroi que le tram arrivait à l'heure.
Par que-vent-emporte le Mercredi 11 avril 2007 à 10:15
Tu devrais te dépêcher de rentrer à Marseille avant qu'à son tour elle ne choisisse d'être sage. Les villes, il ne faut pas cesser de veiller sur elles.
Par coma black le Mercredi 11 avril 2007 à 22:29
c est évident que tu manques a nancy ... :(
Par margritis (us) le Jeudi 12 avril 2007 à 3:08
Ah oui ?
C est sympa ca.
Par coma-black le Jeudi 12 avril 2007 à 21:32
c était une grande figure locale :D
Par margritis (us) le Vendredi 13 avril 2007 à 2:04
Sans blague ?
Par Pouletty-revolutione le Jeudi 3 mai 2007 à 9:11
Rah je redecouvre avec plaisir ce blog!
Tkt si tu viens a Dijon un jour (enfin vaut mieux pas pour toi),
j' ai déja une foule d' esclaves enchainés portant un fier etandard et faisant de la pub pour ton blog sur tous les skyblogs possibles qui t' attend.
Enfin bon sur ces paroles désesperantes betises jevais me flageller
 

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