« - Vous voulez que je retrouve… « LE » Christ ?
- Le Christ lui-même.
- Mais je ne comprends pas pourquoi tout ce cinéma ? S'il est en vie, tous vos moutons seront heureux, et je ne vois pas en quoi vous devez vous faire passer pour mort afin de le retrouver.
- C'est là le fond du problème. J'ai rencontré personnellement le Christ, mais il a désavoué cette grande institution qu'est l'Eglise catholique avant de prendre la fuite, tout ça pour une malheureuse tentative de lavage de cerveau... Pour éviter un désastre, j'ai fait croire à ma mort, afin de le retrouver sans craindre qu'on s'intéresse de trop prêt à mes recherches, car bien entendu, je ne suis pas le seul au sein de l'Eglise à vouloir retrouver le fils de Dieu. Voyez vous, avant de révéler son retour, je souhaite me servir des pouvoirs du Christ pour guérir… Je VEUX bander, monsieur Groumf. Quoi qu'il faille faire, je veux bander naturellement et sodomiser des enfants de chœur ! C'est dans cet unique but que j'ai constitué une police secrète et fait construire un engin top-secret, grâce au saint suaire et à cette divine machine, nous avons cloné le Christ. Si nous ne pouvons lui faire entendre raison soit, c'est une autre histoire, mais la priorité, ce sont ses pouvoirs étonnants !
- Vous me dites que vous avez les moyens de ramener Jésus d‘entre les morts, voir de lui laver le cerveau pour qu'il se conforme à ce que vous attendez de lui, d‘entretenir une police assez secrète pour étouffer la moindre information à ce sujet, mais rien sous la main qui vous permette de localiser où diable ce chevelu peut se trouver ?
- Tout à fait. Enfin si, nous avons un moyen…
- Alors qu'est ce que foutez chez moi bordel ?
- Et bien lorsque je parle de moyens, je parle de vous. Vous êtes le seul à pouvoir le retrouver.
- Mais pourquoi moi bordel ?
- Parce que vous êtes l'une des rares personnes à avoir, jusqu'à présent, et cela à plusieurs reprises, rencontré le Christ… Et choisir un athée pour cette mission me semblait être la meilleure chose à faire, car je sais que s'il faut employer la manière forte pour nous ramener Jésus, vous n'hésiterez pas. De plus, un être aussi impur, vil, sournois et grossier tel que vous ne pourra se laisser endoctriner par notre sauveur… Autant demander au diable en personne, mais vu que je lui dois mon âme, je préfère me faire discret…
- Bon écoutez, votre sanctifitude, c'est juste pour la forme, mais si je refuse de retrouver Jésute pour vous.
- C'est votre droit.
- Pardon ?
- Vous avez tout à fait le droit de ne pas nous venir en aide…
- C'est marrant d'habitude on me tabasse ou on me menace pour que j'accepte une mission farfelue…
- Mais bien sur si vous refusez… vous pouvez faire une croix sur la grosse récompense que j'offre pour la capture du messie.
- Une grosse récompense ? Grosse comment ?
- Une récompense qui dépasse vos rêves les plus fous.
- Oui mais en euros ça fait combien ?
- Je dois maintenant prendre congé, vous avez quarante huit heures pour retrouver Jésus. Voyez avec frère Alphonse les détails de l'opération, si ça ne tourne pas comme prévu, où si vous avez besoin d'une aide quelconque, c'est à lui qu'il faudra s'adresser. Bonsoir, monsieur Groumf. »
Frère Rudolf s'approcha de Jean-Paul II, puis saisit une petite valve derrière l'oreille du chef des croyants. On entendit alors un léger « bip », puis l'homme de main enveloppa le Pape dans une sorte de grande poche plastifiée.
« Il faut l'éteindre régulièrement et le mettre sous cellophane, afin de conserver toute sa fraîcheur… »
Frère Alphonse s'avança alors vers moi, et me tendit une oreillette marquée d'une croix.
« Ceci nous permettra de rester en contact. » il fit signe à son compagnon de quitter la pièce avec le Pape en veille. Une fois Rudolf en bas, Alphonse se tourna vers moi avant de me demander très solennellement :
« Puis je vous faire confiance ? Je dois vous avouer quelque chose…« Il faut l'éteindre régulièrement et le mettre sous cellophane, afin de conserver toute sa fraîcheur… »
Frère Alphonse s'avança alors vers moi, et me tendit une oreillette marquée d'une croix.
« Ceci nous permettra de rester en contact. » il fit signe à son compagnon de quitter la pièce avec le Pape en veille. Une fois Rudolf en bas, Alphonse se tourna vers moi avant de me demander très solennellement :
- Oui bien sûr… Et je sais ce que vous pensez, mais je ne crois pas que Frère Rudolf soit attiré par vous, frère Alphonse.
- Mais enfin ! Pour qui me prenez vous ?! Je ne suis pas un de ces religieux qui ne pensant qu'au cul ou à l'absence de cul ! J'ai une foi aveugle en ce qui concerne les enseignements de la bible ! Et vous vous êtes là avec vos préjugés à me dire que… A insinuer que je suis gay ! Mais vous ne vous rendez pas compte de ce que vous faites ?! Pensez donc un peu au poids de vos paroles avant de les prononcer… Je suis un être humain avec des sentiments, et moi aussi, je souffre et…
- Vous savez, je plaisantais…
- Ho… autant pour moi, j'admets m'être un peu emporté.
- Sauf que voyez vous, frère Alphonse, après ce charmant monologue, j'ai maintenant l'intime conviction que vous êtes effectivement homo…
- Est-ce qu'on pourrait parler de chose plus sérieuse s'il vous plaît ? Voilà, je n'ai confiance qu'en vous, alors j'ai attendu que nous soyons seuls…Monsieur Groumf.
- Woh woh woh! Attention je vous le dis tout net : Je mange pas de ce pain là moi !
- Car j'ai quelque chose d'important à vous révéler…
- C'est que j'ai une petite amie, et les anus poilus et les bites, c'est pas trop mon truc…
- Je vous demande, une fois que vous aurez retrouvé Jésus… de le tuer.
- Pardon ? Vous voulez…
- Oui, je vous demande d'assassiner le Christ. Vous serez bien sûr récompensé pour ça.
- Putain mais je l'aurais fait gratos en plus ! M'enfin puisque vous tenez à me payer pour ça. Mais sans indiscrétion, pourquoi voulez vous sa mort, vous qui semblez si pieu ?
- C'est un peu délicat. Je vais vous expliquez. Asseyons nous.
- Faut il que votre main soit posée sur ma cuisse pour que vous m'expliquiez ?
- Heu…Ce…ce n'est pas nécessaire dans l'absolu… C'est juste plus convivial.
- Ôtez votre main, frère Alphonse.
- Hum… Soit. »
Frère Alphonse retira donc sa main, et après un long silence, il commença à m'expliquer le fond de l'affaire.
« - Voyez vous, lorsque nous avons ramené notre Sauveur d'entre les morts, j'ai découvert un Jésus aux antipodes de celui que j'imaginais. Lorsque sa Sainteté vous disait tout à l'heure que le Christ à désavoué l'Eglise, c'est par son comportement plus que ses idées. Jean-Paul II pense qu'on peut lui laver le cerveau pour le faire adhérer à notre doctrine, mais la première tentative ayant échoué, je ne vois pas comment nous y arriverions.
Jean-Paul II n'entrevoit que la possibilité de se faire soigner par Jésus, et une fois guérit, il réapparaîtra publiquement, en compagnie du Christ, il aura son compte de miracle pour devenir un saint-vivant, et asseoir sa domination sur le monde. Mais de toute façon, cette hypothèse est vouée à l'échec, Jésus peut guérir certes, mais il n'en est pas moins un élément perturbateur aux mœurs douteuses qui ne feront qu'apporter désastres et malheurs à la chrétienté en remettant ses dogmes, ses croyances et ses règles en question par son comportement de saoulard obscène et sodomite. Bref plutôt que voir 2000 ans d'histoire tomber aux oubliettes et voir s'installer chez nos fidèles le comportement déviant que nous leur avons toujours interdit, je préfère m'accrocher à l'image que j'ai de Jésus, et qu'on supprime ce hippie. L'immobilisme, c'est la clef de notre système. Le ferez vous ? Groumf, allez vous supprimer le Christ ? »
Je ne sais pas combien de temps j'ai réfléchi exactement, de toute façon ça n'a pas grande importance, si je n'acceptais pas ce boulot, quelqu'un d'autre le ferait à ma place, d'un autre côté voir les dogmes de l'Eglise tomber était tentant, sans compter que je m'en foutais un peu de tout ça, et sur le moment j'avais envie de me commander une pizza. Au final je me suis rappelé à quel point l'Eglise était riche et à quel point Jésus était pauvre, et que si l'une pouvait me payer pour mettre fin à la vie de l'autre, dans l'inverse, ça ne fonctionnait pas.
« Ok, frère Alphonse. Allons dégommer du chevelu. - Vous m'en voyez ravi, Groumf. Nous avons localisé le Christ, quelque part dans le Nord-Est de la France. Dans les Vosges pour être exact.
- Les Vosges ? Mais qu'est ce qu'il fout la bas ?
- Il cultive des champignons hallucinogènes et forme une communauté hippie. Ce territoire étant maudit, nous ne pouvons nous y rendre, et aux yeux de Dieu et du Pape, même si nous avions le Christ sous la main, nous ne pourrions le tuer. D'après nos sources, vous êtes le seul homme à être revenu vivant d'un séjour dans les Vosges. Nous sommes dans l'impasse... Nous ne pouvons ni le supprimer, ni le laisser impunément farcir d'idées dangereuses une communauté de vosgiens. Vous êtes le seul espoir de l'humanité.»
Si on m'avait informé avant, qu'il faudrait se rendre dans les Vosges pour débusquer le hippie légendaire, j'aurais peut être réfléchis plus longtemps. Les vosgiens sont quand même d'horribles mutants sodomites et poilus, vivant comme des bêtes dans de ridiculement petites montagnes. Et puis si la légende dit vrai, dans ces contrées, on peut tomber nez à nez avec… Le gay des vosges. D'un autre côté, les hippies étaient une espèce éteinte depuis 1969, éradiqués par le disco et les MST, il ne fallait pas prendre le risque de les voir à nouveau proliférer.
Bien sûr, alors que je m'interrogeais sur le bon déroulement de cette mission et sur mon envie d'aller risquer mon anus pour le compte d'une institution pernicieuse, frère Alphonse m'assomma d'un coup de matraque - ou de matrique, je préfère ne pas savoir - comme pour que je ne puisse pas me rétracter.
Lorsque j'ouvris à nouveau les yeux, j'étais à l'arrière d'un hélico de combat du Vatican, avec un parachute dans le dos, frère Alphonse en face de moi me souhaitant bonne chance avant de me balancer dans le vide, au dessus de ce qui semble être la forêt vosgienne.
Le pire, bien entendu, restait encore à venir.
Bien sûr, alors que je m'interrogeais sur le bon déroulement de cette mission et sur mon envie d'aller risquer mon anus pour le compte d'une institution pernicieuse, frère Alphonse m'assomma d'un coup de matraque - ou de matrique, je préfère ne pas savoir - comme pour que je ne puisse pas me rétracter.
Lorsque j'ouvris à nouveau les yeux, j'étais à l'arrière d'un hélico de combat du Vatican, avec un parachute dans le dos, frère Alphonse en face de moi me souhaitant bonne chance avant de me balancer dans le vide, au dessus de ce qui semble être la forêt vosgienne.
Le pire, bien entendu, restait encore à venir.
A suivre...