« Frère Alphonse, êtes vous sûr que ce Groumf est bien l'homme de la situation ?
- Vous plaisantez ? Ce que nous appelons l'enfer, il appelle ça… Chez lui. »
Alors que je faisais une chute vertigineuse et que la cime des arbres, principalement des conifères, se rapprochait de moi à une vitesse ahurissante, telle un rempart de lances acérées, l'idée me vint d'ouvrir mon parachute. Une fois la poignée tirée, rien ne se passa, ha si, un enregistrement s'enclencha, une sorte de sermon entrecoupée de passage biblique, qui m'expliquait entre autre que pour amortir ma chute, je n'avais guère besoin d'avoir un parachute, mais d'avoir la foi. Seul la foi pouvait me sauver. Autant dire que je sentais que cette histoire allait tourner court. Les premières aiguilles de sapin giflaient déjà mon visage tandis que je me dirigeais en piqué vers le sol, inexorablement. « Bonjour sol », murmurai-je, comme pour rire de ma propre destinée tragique. L'espace d'un instant, je suis devenu croyant, et c'est à ce moment précis que la cime d'un sapin passa sous mon bras, se coinça dans la bretelle de mon sac, et que la vitesse de ma chute fut ralentie de façon proportionnelle à l'agrandissement de l'angle d'inclinaison de ce sapin, qui me libéra avant de se redresser une fois que je pu poser le pied à terre, en faisant « dzoing ! », comme dans un dessin animé. Une fois bien en sécurité sur la terre ferme, je redevins athée. Faut pas pousser non plus. Pour ne pas être pris à nouveau au dépourvu dans ma mission, je posai mon sac à terre, afin d'en découvrir le contenu. Une bible, un crucifix, de l'eau bénite. Heureusement pour moi, on m'avait laissé mon couteau au fond de ma poche gauche, et ma montre gousset au fond de la droite. Savoir l'heure qu'il est, c'est important quand le temps est compté !
Me voilà donc, au fin fond des Vosges avec ma bite et mon couteau à la main, fier comme un régis, redoutant que derrière chaque arbre se cache le gay des vosges. Histoire d'être sûr que ces couillons ne m'aient pas largué dans les mauvaises montagne, je joins mes mains autour de ma bouche, afin que ma voix porte plus, et hurle « Dahu ». Quelques secondes après, un dahu roule et s'écrase la gueule sur un rocher. La preuve est faite, je suis au bon endroit. Les dix minutes suivantes, je cherche du coin de l'œil toute trace d'activité, harmonise mon âme avec l'environnement ambiant, ne fait qu'un avec toute chose, afin d'augmenter mes chances de retrouver Jésus. Accessoirement, je sème également les dahus sur mon chemin, parce que c'est drôle.
La nuit ne tarda pas à tomber, j'entrepris donc de me confectionner un abris, en hauteur, pour ne pas me faire piétiner ou renifler par un sanglier - ce qui arrive assez facilement lorsqu'on dort à même le sol dans les bois - ou de me faire enculer par un gay. Les sangliers n'escaladant pas les arbres, et les gay non plus - la légende dit qu'ils préfèrent se frotter au pied de l'arbre que d'y grimper - c'est la solution la plus raisonnable qui soit. Bien évidemment étant donc en sécurité, et la nuit étant relativement frâiche, je décide de faire un feu. C'est ainsi qu'après avoir brûlé mon abris de fortune, ma chemise et mon arbre, je me vois contraint de changer de repère. Au repas du soir, cuisse de dahu, crue, parce qu'évidemment, je me suis enfui trop vite pour faire cuire les fruits de ma chasse. C'est fou ce que ça crame vite un sapin.
A l'aube, réveillé par la très humide rosée du matin et le chant strident et stupide d'oiseaux à la con, je me remets en chasse. Après quelques heures de marche, mon esprit s'étant ré-harmonisé avec la nature environnante, je perçois de faible mouvement dans les fourrées, tout autour de moi, ainsi que de petits rires malicieux. Je constate avec effrois que ces bruits me suivent. Est-ce la terrible créature que je redoute ? Ou pire ? L'espace d'un éclair, de petit bruits de pas se font entendre. Puis encore des buissons secoués, des rires, aigus et toujours aussi joviaux. Je m'arrête là. Jette mon sac à terre et le fouille en espérant que cette chose que je n'ai pas mentionné précédemment s'y trouve toujours. Un bouchon de liège. La seule façon de pouvoir me protéger si je me retrouve nez à nez avec l'horrible homo poilu vivant dans ces régions. Je le place délicatement dans l'anus, et ris à gorge déployée, triomphant. Je sors mon couteau, et provoque un éventuel sodomite des bois de venir se frotter à moi (en tout bien tout honneur, je ne suis pas gay)
Mais alors que je me préparais psychologiquement au pire, voilà que du buisson sort une toute petite femme à forte poitrine, aux cheveux rouges et à l'oeil pétillant et espiègle… Toute nue. Puis une autre, toute aussi à poil que la première. Puis encore une. Et ainsi de suite. Au final, une bonne vingtaine de gonzesses à poil, toutes identiques, mesurant à peine une vingtaine de centimètres chacune, et pas un seul rouleau de scotch à l'horizon. Elles répètent un mot, frénétiquement. « Shoum's ». « Shoum's. » entrecoupé d'un rire proche du hululement. Shoum's ! Shoum's ! shoum's ! Houhouhouhouhouhou ! Shoum's ! Shoum's.
Il ne me faut pas longtemps pour remarquer qu'elles m'encerclent. Que me veulent elles ? Dois-je attaquer ?
Dans le doute, foncer dans le tas se révèle la seule option valable. Je me précipite alors vers la « Shoum's » la plus proche de moi, et lui file une grande tarte dans la gueule. Toutes s'arrêtent de danser, de shoum'ser et de rire, tandis que celle que j'ai envoyé au tapis se redresse, les yeux ronds et les lèvres pincés comme un poisson, et lance d'une voix presque enfantine « I' faut pas taper la Shooooooooooum's ! ».
A suivre...
;)