Pour ceux qui auront lu l’article précédent concernant le sataniste de base, vous serez certainement étonné de ne pas y avoir trouvé la catégorie de sataniste la plus répandue. Le phénomène dans son ensemble est tellement pathétique qu’il méritait sa propre petite annexe, c’est donc pourquoi je m’attaque aujourd’hui à nos amis que nous appelleront : r3b3lz.(prononcez rebel’zzzz)
Moins pointilleux sur des éléments essentiels tel qu’une lecture assidue de la bible sataniste et l’apprentissage par cœur des règles, ce qui aurait au moins le mérite de le faire rentrer dans la catégorie de ceux qui parle d'un sujet en sachant le minimum requit pour disserter dessus, le rebel’z se gave finalement de symboles plus que d’idéaux.
Il sera tour à tour sataniste, gothique, anarchiste, punk, grunge, parfois même communiste (quelle horreur) mais dans la grande majorité des cas, ce qui permet de reconnaître ce mixe d’effets de modes est un autre effet de mode.
En effet (de mode), quelque soit la prédominance d’une d’entre elle, notre rebel’z est avant tout un skateur, qui illustre bien souvent un dicton qu’il faudrait remettre au goût du jour, ce à quoi je vais m’employer : Un skateur sachant skater doit savoir skater sans son skate.
Et oui pour la plupart, le skate est un élément décoratif qu’on attache dans le dos (ont-ils seulement compris l’utilité de la roue ?) plus qu’un accessoire qu’il manipule à la perfection sauf sur la fameuse série de jeux vidéos Tony Hawk, ou là bien entendu, il sera libre de défier les lois de la gravité en toute sécurité.
« Oua moi j’fais un 360 shov it les doigts dans le nez » vous dira t il un matin, oubliant de préciser que dans la réalité il ne tient même pas à l’arrêt sur sa planche.
La plupart du temps, le rebel'z est un maelstrom un peu ridicule des différents mouvements qui, visuellement parlant, l’intéresse.
Le sweet à capuche, vêtement phare de la génération skateur, vous indiquera son degré de true rebeliZme…si par exemple vous avez à faire à un mioche avec un sweet d’un quelconque groupe de néo ; c’est un rebel’z de petite envergure.
Le stade ultime du skateur affilié sataniste : c’est le sweet cradle of filth ou dimmu borgir.
Bref le rebel’z c’est un skateur qui a compris qu’il ne ferait jamais rien avec un skate, alors il s’est mis à travailler son image. Un baggy, une paire d’osiris, un sweet a capuche, des croix, pentacles et autres piques à tout va (un bracelet ok c’est sympa ; mais de la à se transformer en rouleau de fil de fer barbelé quand même…) et bien sur, le plus célèbre compagnon du skateur true rebel’z anarcho-grunge-gothiquo-sataniste yeah, je parle bien sur de son eastpack, déclinant à merveille grâce à des patchs affreux, du blanc correcteur et du bon gros marker, ses idéaux politique et religieux, ainsi que ses goûts musicaux, en passant par des citations profondes telles que « fuck the system ». En clair, le sac du skateur, c’est un peu comme le profil pour l’utilisateur d’msn ; le pedigree pour le chien, la carte de visite pour le représentant.
Pour le rebel'z, son sac, c’est son identité. Et comme la tête de son propriétaire, le sac ne contient pas grand-chose. Une trousse, un cahier, un agenda pour noter les devoirs qu’il ne fera pas, un paquet de feuilles ocb slim premium, des clopes, un bout de shit et peut être une ou deux bières.
J’oubliais, un autre sweet à capuche pour qu’il soit plus confortable de dormir dessus pendant les cours.
Usant de son majeur à tout va, de « fuck off » en début comme en fin de phrase, il hurle son désarrois face à une société de consommation dont il est finalement la première victime.
Il proteste contre les inégalités sociales en bavant sur la dernière paire de Van’s venant de sortir : l’inégalité sociale pour le rebel ’z, c’est quand ses parents embourgeoisés refusent de lui filer plus de ses 300 euros mensuel pour qu’il puisse s’acheter une énième paire de basket.
Dure dure, la vie d’un rebel ’z.
C’est alors que vous comprendrez pourquoi, ce petit, victime d’une société ou tout est bon à vendre aux pigeons, est un agglomérat ridicule et sans vie.
La croix inversé ça fait flipper les profs, le pentacle ça interpelle les racailles, le noir et les piques partout c’est pour avoir l’air d’un vrai dur et surtout, surtout, le plusbeau : ça fait flipper ses abrutis de parents qui comprennent rien à son malheur.
Il attachera d’ailleurs beaucoup plus d’importance à ses potes qu’à ses études ou sa famille… « Famille en carton, amis en béton ! »
Ben oui, c’est pas en cours de maths ou dans le salon de papa-maman que le gamin pourra fumer des gros pétards et boire de l’alcool (ouaaaaaaa trop dark.)
C’est d’ailleurs une des raisons qui explique l’engouement du rebel ’z pour le punk, le grunge ou le gothisme.
Il y voit la libération des contraintes scolaires, morales et sanitaires qui l’emprisonnent.
Et comme ses parents sont des enculés capitalistes et que « oué heeeeeen fuck ooooff la familleeeeeuh » le petit se sentira communiste dans l’âme et militera activement pour un partage des richesses : ce qui consiste à son niveau de demander un peu plus d’argent de poche que le mois précédent…
Bien souvent, et sans vraiment savoir pourquoi, le rebel ’z se saisira d’un objet coupant dans le but de se faire de micros-entailles un peu partout sur les bras, pour que, lorsque perlera une goutte de sang sur une de ses griffures faites à la lime à ongles, il puisse se vanter auprès de la femme de sa vie depuis trois semaines, que lui, il est malheureux, il souffre, il "s’automutile" pour se libérer et s’extérioriser…Mais que voulez vous, quand on est trop con pour seulement penser à prendre un crayon et coucher ses maux sur le papier, on prend un cure dent et on se mutile.
Pourquoi?
Parce que personne ne vous comprend (ou parce que vous êtes incompréhensible)
Non, personne ne peut comprendre cette étrangeté de l’époque moderne qu’est le rebel ’z.
Il a tout ce qu’il faut pour être heureux mais prend un malin plaisir à tenter d’une façon maladroite et puéril de tout foutre en l’air, comme si l’existence dans un foyer chaleureux et à l’abris du besoin était la pire chose qui soit, comme si à force de consommer du malheur et de la haine, le rebel ’z était mal dans sa peau d’avoir justement tout les atouts en main pour être bien dedans.
A partir de là, on peut se dire finalement qu’à sa façon, le rebel ’z culpabilise, du haut de son statu de petit bourgeois, mais ce serait lui prêter des pensées qu’il ne peut évidemment pas avoir…non si le rebel ’z est ainsi, c’est tout simplement parce que c’est un con, victime d’une société de consommation, et bien entendu, atteint de la pire maladie qui soit pour le cerveau : la puberté.