(C'est toujours le) Deuxième chapitre - Théories (4)
Approche du double assassinat un jour de gueule de bois
Je flotte dans l’espace au milieu de petits lapins et de bites volantes qui attaquent à grands coups de trique leurs auréoles…dans ce cadre idyllique je me demande, curieusement, ce que des lapins peuvent faire là – à noter que la présence de bites ne m’étonne pas plus que la mienne au beau milieu du cosmos.
« Logan !
- serait ce vous seigneur ? suis-je mort ?
LOGAN !!!!!
- Je vous entends tout puissant !
LOGAN TA GUEULE ET BOUGE TON CUL DE TON LIT »
Lorsque mes yeux s’ouvrent, ils sont nez à nez avec le sol de la cave. Je viens, litérallement, de tomber du lit, poussé par une main divine…
« Ho ! Logan ! Tu m’écoutes !! »
…une main divine qui va pas tarder à se prendre la mienne dans la gueule si elle la ferme pas…
« Bon alors tu te bouges !!!!! »
…je quitte le monde douillet des lapins volants et des bites spatiales ; et cette voix, qui n’a de divine que ce que l’écho de ma cave et la déformation auditive qu’engendre ma gueule de bois lui confère, va effectivement se prendre mon pied au cul.
J’imprime ma main sur ce visage que l’obscurité de mon antre ne m’empêche guère de reconnaître.
« Mais bordel t’es malade !!!!
- Salut Mick’…désolé l’espace d’un instant je t’ai confondu avec Dieu le père !
- C’est ce qu’il m’a semblé…d’habitude seule les donzelles m’appellent « tout puissant ».
-C’est pour me faire profiter de ce genre de fanfaronnades stupides que tu me mets au pied du lit ?
- Non, non…je passais par là alors je suis venu te rendre une petit visite…gueule de bois ? »
J’avance, monte les escaliers, et me dirige vers la cuisine pour me droguer à l’aspirine. Mick’ me suit. Il se pose sur un tabouret et, Dieu merci, ferme sa gueule. Je profite de cet instant de silence pour récupérer un peu. J’ai tellement bu que je me souviens vaguement de ce que j’ai fait. Je me tourne vers Mick’, qui me dévisage étrangement.
« Tu bloques ou quoi ?
- T’as la gueule couverte de terre et du sang autour de la bouche donc forcément…
- Ta gueule, la terre c’est de ta faute et le sang c’est à cause de ce putain de rat.
- Un rat t’a mordu ? En même temps vu l’endroit où tu crèches…
- Non c’est moi qu’ait bouffé un rat hier.
-Charmant. J’peux te taper une binouze ?
- Fais comme chez moi, et dans l’élan file m’en une. Faut que j’fasse dégager le goût de l’aspirine. »
Mick’, c’était un mort vivant, le genre de mec qu’à perdu toutes ces illusions et autres conneries mais qui moralement tiens le coup…parce que justement il n’attend plus rien. Je me demande parfois si il se considère comme vivant ou mort.
Ce mec rien ne l’étonne, rien ne le touche, rien ne lui fait envie…tout au plus c’est un instinctif…et dire qu’avant c’était un mec émotif ; peut être même un peu trop. Pour une broutille il a foutu sa vie en l’air, une histoire de fierté mal placée ou je ne sais quoi…et d’une fille. Il en parlait très peu, c’est encore la seul chose qui, après une bonne murge, pouvait animé des sentiments chez lui…la douleur, la peine, la nostalgie et surtout…le regret.
« La vieille est pas dans le coin au fait ?
- Non elle est morte hier.
- Dur. Morte comment ?
- Je l’ai défoncé à coup de pelle.
- Mort naturelle donc ; a dit Mick’ avant de reprendre une rasade et d’ajouter ; ca devait arriver…
- Mais bon elle n’est pas partie seule. René l’a accompagné.
- Ca m’aurait étonné tiens, ca fait un moment qu’il était derrière.
- quarante…cinquante ans….
- Y a des obstinés; Il reprit une rasade et pensa à celle pour qui il aurait bien attendu cinquante ans voir plus.»
Mick’ acheva sa bière, se leva et avant de me dire au revoir me dit quelque chose qui attira mon attention
« Au fait vieux, si un soir t’as envie de baiser et que la pêche à pas été bonne ; j’ai enfin ouvert mon bar…et disons que j’ai quelques filles sous la main...des putes quoi. Donc toi et ton portefeuille vous passez quand vous voulez.
- T’inquiètes Mick’ »
Il passa la porte revint en arrière et glissa sa tête de fouine pour ajouter
« Et tu comptes faire comment…j’veux dire pour la vieille ?
- Bah pour l’instant elle est bien à la cave, pourquoi ? Lui ai-je demandé, alors que je savais très bien ce qu’il voulait dire.
- Tsss t’es vraiment à la masse toi. Bon allez a plus frangin.
- A plus frérot »
Après son départ, je me suis installé sur la table de la salle à manger, j’ai chopé un crayon et une feuille avant de commencer à écrire, pour finir par dessiner des bites volantes.
Au menu astral : bites volantes et petits lapins blancs.
Bonne nuit à toi aussi Logan