Je suis désolé, mais je crois que j'ai trébuché sur un petit fil qui retenait ton âme. C'est pourtant pas faute d'avoir essayer d'éviter. Mais voilà, c'est dit, je l'ai rompu, c'est moi qui ait marché dessus, tout s'est envolé par le petit velux d'un vingt mètre carré, enfin presque tout, il flotte dans l‘air une odeur que je ne connaissais pas. Et je suis resté, à regarder comme un con, ne sachant pas vraiment quoi dire, cloué et enchaîné, sur le pas de la porte. Alors crie, hurle pour hier, chante pour plus tard, pour demain, pour jamais. Au delà de l'horizon, je ne vois rien, je vois juste un putain de plancher, et une lettre écrite par un dément abandonné et suppliant, la main tremblante et le dos voûté, le sang impur, l‘estomac vide. Regarde moi de l'autre côté. Regarde moi. Je suis une ombre et toi, un fantôme. Nous ne sommes rien. Et la lumière ne brille pas pour toujours, l'ampoule de Dieu a grillé.
Un torrent de larmes qui ne te connaissent pas ruissèlent sur la chiure verbale de ceux qui pensent avoir compris, et moi, écoeuré par la musique plus lourde que le pire des fardeaux, je m'écrase. Je trébuche encore une fois, mais il n'y a déjà plus rien au bout du fil. Les flammes de l'oubli sont prêtes. Pas de pardon, pas de rédemption, pas d'adieu en bonne et due forme, rien que de la poussière et le temps qui file. Je brise la fumée, je chie sur les urnes et les faux culs, l'acier est plus fort que le marbre. Il ne reste que le goût amer et sans éclat d'un adieu manqué, qui contente les fourbes et crucifie mon esprit. Le ridicule est un cérémonial funeste à l'absolution quand un führer de pacotille laisse la place à sa réplique écervelée. Si vous écoutez, si vous cherchez au loin, du bout du tympan, vous verrez qu'il n'y a rien. Un refrain tout au plus, dans votre tête.
Des images, des larmes, des regrets, et quelque chose qu'on ne saurait nommer, un sentiment douloureux, un manque proche de la culpabilité, du regret et de l'espoir, un sentiment teinté d'un soupçon de rancœur, de haine, de vengeance, un sentiment étrange, dégueulasse, qui vous colle la nausée et vous ronge comme un cancer…
Le souvenir en fusion total avec un scénario improbable, une autre issue, une fin alternative. Mais la vie est ainsi faite, on a pas le droit à l'erreur. La poussière retourne à la poussière, et je ne crois pas qu'elle entende, cloîtrée et bien rangée dans un casier , dans un monde où tout est à sa place.
Le pardon aux autres est obsolète. Le sien propre ronge les sucs rageurs.
Le temps dure longtemps parfois... jusqu'au moment où...
Bien à toi, surtout bien à toi.