Quand l’ombre s’abattra sur le cœur des innocents, j’attendrai patiemment, caché derrière l’horreur, mon rire tintant on the rocks, les lèvres sur un verre de corrosion ambrée. Quand l’espoir naïf naîtra dans la douleur, enfanté par quelques idiots sadiques, je sortirai du bois, pour rallier les fous et les perdus, les faces mornes et vides de ces visages oubliés, et les embarquerai dans ma galère. Je dessinerai un sourire sur le visage de chaque enfant maudit, à grands coups de marteau et de burin. Je sculpterai la chair des possibles pour la réduire au silence.
J’accoucherai de petits clones attendris par le fouet de l’amour alcoolique. Je pourrirai cent fois pour renaître à nouveau, et de mes cendres encore tièdes s’élèvera le goût de l’incomplet, des cris, des pleurs et de la honte, de la peur, de la rébellion et de son inéluctable renoncement. De l’abandon. De soi. De tout. De rien.
J’arracherai les sangsues des arcs-en-ciel puérils et feutrés de ma gorge pour respirer à nouveau, et m’étouffer à volonté d’une fumée bien dense. Je me perdrai dans la brume, et de mes cendres s’élèvera le goût de la trahison, du châtiment, de la justice. Je sortirai de terre pour rallier les damnés du néant, les pantins de l’oubli, les visages faits d'un bois lisse d’avoir trop pleuré, et j’y graverai la joie avec un couteau, avec le même amour, la même sauvagerie et la même passion qu’il a sculpté mon rictus à grands renforts de phalanges.
Jusqu’à ce qu’un sourire devienne un cri de l’âme.