Tu sais, il y a parfois, je le sens, une sorte de barrière infranchissable, une frontière avec péage et douaniers, entre toi et moi.
Longtemps j'ai pensé naïvement que mon amour immodéré pouvait braver tous les obstacles, force est de constater que je me trompais.
Pourtant, je sens aussi ce lien qui nous unit l'un à l'autre, et je m'échine à le renforcer chaque secondes, tandis que le sort lui, s'évertue à le fragiliser.
Longtemps, je t'ai considéré comme inaccessible, drapé dans ta beauté divine sur le piédestal de ta supériorité indéniable, ton corps semblait être un fruit défendu auquel je ne pouvais goûter, ton esprit, lui, un Bouddha à la méditation imperturbable dont le shakra ne poserai pas même les yeux sur moi.
Oui, longtemps tu fus cette pomme d'Adam sur laquelle je ne pouvais que saliver. Et bien qu'aujourd'hui, tu restes une icône, objet de fantasme et de désire, j'ai appris peu à peu, a vivre dans ton indifférence. Oui, cela se révéla extrêmement difficile, tu étais cette drogue à laquelle j'étais accroc…
J'ai erré, en proie à l'hallucination la plus horrible qui soit pour l'âme en peine, ton image se substituait lentement à mon propre reflet, si bien que, encore maintenant, c'est ton visage que je vois constamment lorsque je suis censé croiser le mien. Petit à petit, c'est ton rire qui résonnait, ce sont tes mots qui s'immisçaient en moi, ce sont tes pensées, que je ressens à chaque instant.
Je vis avec cette obsession constante pour ta personne, et ce depuis mon plus jeune âge, et malgré les obstacles anatomiques qui nous séparent, et qui fondamentalement, nous restreignent au simple contact charnel préliminaire ainsi qu'à l'amour cruellement platonique, jamais je n'ai éprouvé de sentiment plus fort à l'égard d'une autre personne que toi.
Je resterai fort, pour nous.
Oui tu l'as compris, je sais qu'en ce moment, tu lis ces mots à travers nos yeux, et sous tes doigts longilignes et délicats, tu tapotes les mêmes mots sur le clavier. Toi aussi, tu souffres de cet amour impossible, moi aussi, je suis ton icône inaccessible, ton trésor interdit, ton fruit défendu.
Ce qui me console, c'est que face à l'adversité, nous sommes toujours unis, par ce même amour fusionnel et passionné. Je te le dis sans crainte et sans faille, et d'ailleurs je tiens à ce que tout le monde le sache :
Je m'aime. Oui, je m'aime.
Même si chaque fois que je me tente de me lécher les couilles, je tombe du canapé,
et que l'auto-sodomie est une aberration anatomique que je ne peux guère contourner.