Cycle I - Résurrection
Arraché des limbes salvatrices, purifié par le sang et la haine, c’est dans un troisième souffle de l’âme que je puise l’acharnement du despote. Je suis éternité, plus qu’un Alpha tronquée par un Omega, plus que la vie tranchée par la mort. Je suis l’inexistence inextinguible. Je suis le tangible immatériel, l’inconstance du néant. Je suis ce que tu pries et quémandes, cette puissance mystique que tu bois et qui n‘étanche jamais ta soif, celle pour laquelle tu vends ton âme à la glaciale déraison où d’autres la vomissent à la face de Dieu par la prière, la foi, la soumission.
("Résurrection" par Atom-of-the-end, Février 2009)
Rampant dans l’ombre lorsque tu fermes le yeux, irradiant dans la nuit pour que tu ne vois que moi, je suis la réponse. Je suis l’abjecte vérité, je suis l’outil suprême. Je suis cette haine tentaculaire qui te permet de survivre et balafre avec fracas la mémoire de tes ennemis.
Je vis par delà ton esprit et tes doutes. Des battements hésitants de ton cœur fatigué, je me repais; quand tes trépas successifs affaiblissent ta raison, ils lavent mes plaies; et tandis que tu chutes, tes échecs m’enrichissent. En retour, ma vie te consume, t’étreint de son emprise fusionnelle, corrompt les lambeaux de ton âme cicatricielle, mais tu ne saurais vivre sans notre symbiose immortelle. Je suis le parasite, je suis Dieu. Je suis ta force. Je suis ton pouvoir. Je suis l’inexistence inextinguible, je suis la réponse.
Tu sors d’outre-tombe où grouillent vers et nuisibles, nous transcendons la nature humaine par une ultime ascension que ne sauraient voir les impies moralistes et décadents de ce siècle nouveau, vers ma destinée. Je suis manipulation illusoire. Je suis la fourberie de l’esclave. Je suis le jouet immoral. Je suis l’interdit au barillet chargé. Je crache mes valdas, j’étale ta volonté sur les murs. Tout recommence. Je suis un Triptyque cyclique.
Une mort en trois temps.
Cycle II - Herr Diktator
Sous les ovations silencieuses de mes spectateurs, je ronge les lambeaux de la chair du convenable. J'embrasse l'informe pour lui donner une direction, je trace la ligne du déraisonnable, je joue avec les mauvais concepts. Je suis mon prêcheur, ma paroisse, ma brebis, je suis mon sanctuaire. Je distille l'absurde par la haine ou la haine par l'absurde, et abreuve les omniscients comme les inconscients. Je suis la pensée déliquescente, la noirceur caricaturale idéalisée, l'hypocrisie mégalomane, ceci est mon temple.
("Herr Diktator" par Atom-of-the-end, Novembre 2006)
Mon univers excessif est le fatras expressif d'une accoutumance galvaudée au culte de ma propre existence.
Je suis Dieu. Je suis le traître. Je suis le rejeton des brumes sclérosées de l'humour pervers et de la beauté subjective. Je suis un brouillon de perfection. Je suis un petit dictateur des idées, un extrémiste de la libre pensée. Je suis Dieu. Je donne la vie comme je la reprends. De toutes ces créatures merveilleuses dont je suis le Père, combien en ai-je avorté ? Combien en ai-je laissé à l'abandon parce qu'elles ne voulaient pas grandir ? Combien en ai-je mutilé par omission ?
Et de celles dont j'ai pourtant été le plus fier, combien en ai-je crucifié ?
Je suis un porc assassin et négligent. J'ai caché les dépouilles dans ma corbeille, et si le monde était mieux fait, on m'exécuterait sur l'heure, on m'effacerait, moi aussi, pour crime contre mon humanité. C'est dans l'abstinence que je rends des comptes à ceux qui m'attendent dans le néant, je dépose mon âme sur une feuille de papier.
Déchire la ! C'est une pute.
Cycle III - Atomisation Finale
Tandis que l'étreinte de l'oubli, que la torpeur juvénile de la vallée de l'ombre, de la mort et des larmes, que la puissance de l'inflexible loi divine se font plus fortes, j'attends. Je foule le sable de l'esprit et laisse une empreinte fébrile dans un monde qui souffle pour m'effacer comme on crache sur des bougies pour amnésier l'outrage temporel. Je m‘arrête là, ni juge ni bourreau, ni dieu ni créature, mi-humain tout au plus, espérant que l'immobilisme conservera sous mes pieds enlisés l'entaille de la vie, là où jadis, l'évolution ne faisait qu'y jeter du sel. J'attends. Mes neurones se font l'auditoire temporaire d'un délire d'esthétisme éthylique, je crève dans l'absence, me noie dans le trop plein, fusionne le métaphysique au rationnel, la vie à la mort, le corps à l'esprit, et j'attends. Tandis que l'étreinte de l'ennui, que la torpeur inutile salue l'instant ante-biblique, alors que la puissance érectile mollassonne de l'ego se fait plus forte, j'attends, et je ris. Je ris. Je ris. Parce que c'est la fin. Parce que le voyage vers nulle part se conclue sans fracas ni prétention, parce que l'ombre de l'inutile se marie avec l'appât du néant, parce que la bienséance est un vomitif qui ne me réussit pas et que j'enrage d'être le laxatif d'une peuplade constipée.
("Atomisation Finale" par Atom-of-the-end, Avril 2008)
Un corps pixellisé s'étale de tout son long, et à mesure que sa belle carcasse déchirée touche le sol, il disparaît, dans un cri sourd qui laisse derrière lui un écho doux-amer. Des mots crus, faisandés, pleins d'une rancœur amicale et d'une tendre violence. On parvient à peine à lire sur les lèvres souillées de ce mort en sursis, mais dans un ultime sursaut de vie, il soupira, de cette même manière qu'on confie un secret libérateur, avec peine et résignation , et cracha cette dernière parole, tel un christ de brocante harassé par la foi stupide et le temps tortionnaire.
Il nous murmure, à vous, à moi, à personne, « Allez au diable, bande de raclures ! » avant de s'éteindre, le sourire au lèvre, ultime vainqueur d'un éternel combat.
Il rit, parce que c'est terminé, et parce que la fin vaut bien le commencement, si ce n'est plus.
Il attend sa résurrection.
Il nous murmure, à vous, à moi, à personne, « Allez au diable, bande de raclures ! » avant de s'éteindre, le sourire au lèvre, ultime vainqueur d'un éternel combat.
Il rit, parce que c'est terminé, et parce que la fin vaut bien le commencement, si ce n'est plus.
Il attend sa résurrection.
Beaucoup en voit de la chance, d'autres une damnation.
Ainsi vont ces personnes qui comme Sisyphus subissent le calvaire du recommencement éternel.
Un peu comme enterrer un cadavre qui par temps de pluie remonte à la surface...
Inutile de se battre quand il s'agit de sa véritable nature.