« Mais tu sais fiston, Wolverine, à la base, c’est un humain normal, c’est l’arme X qui lui a donné ses pouvoirs »
Voici ce qui se disait en substance dans la rangée derrière la mienne, dans cette salle obscure, avant que ne soit projeté X-men Origins : Wolverine, et luttant de toute mon âme pour ne pas décapiter cet espèce de résidu de fond de couille adipeux étalant avec force et assurance autant de connerie, je priais intérieurement pour que le film ne soit pas fait pour ce genre d’individus, pour ces philistins à la pompe à neurones dégoulinante et dont chaque goutte de néant foudroie le sol comme un tapis de bombe jaillissant d’un rutilant Stuka par un beau matin nuageux de 1939.
Malheureusement, les premières minutes du film feront voler en éclat mes rêves et espoirs de voir Wolverine occuper la place qu’il mérite dans le monde du cinéma, et qu’il ne fera que toucher craintivement du bout de la griffe à cause d’une pléiade (hahaha) de scénaristes, producteurs et putes affiliées. On grince des dents d’entrée de jeux, car la minisérie qui levait le voile sur les origines de Logan, qui aurait mérité un bien plus grand intérêt, est massacrée en deux minutes à peine, et l’on y fait de Sabretooth le frère de Wolverine. Pleurez mes amis, pleurez. On torche d’une main griffu le cul du spectateur pour mieux lui mettre le semblant de scénario bien au fond du rectum, où on aborde l’adamantium, le projet arme X et l’opération qui fournira à Logan son squelette indestructible avec une désinvolture, un mépris total du Marvel Universe. On oublie le coup du trafic cérébral qui rendra Logan totalement amnésique à plus tard, on laisse Wolverine quitter le complexe militaire secret en même pas trente seconde, on tue seulement deux gardes pour le laisser s’enfuir et assouvir sa vengeance contre son frère, qui tua sa bien aimée, car si on lui lave le cerveau, fatalement, ça fait désordre avec le scénario tout pourrave de dix pages à peine qu’on a torché après une rave party en pleine descente des effets des pilules d’extas ingurgitées en masse la veille au soir. D’ailleurs, histoire de retrouver un semblant de cohérence, on effacera la mémoire de Logan de deux balles en adamantium en plein crâne, histoire de lui retourner le cerveau. Triste, mais véridique.
Cette précipitation à se couvrir de ridicule ne laisse que planer le couperet bien émoussé d’une ignoble raison. Pourquoi bâcler avec un tel acharnement une histoire géniale qui ne demandait qu’à être transposé le plus fidèlement possible (ce qui aurait été bien mieux, de toute façon) ? Oui, on peut se poser la question, et la réponse est simple en fait.
Pourquoi ? Pour faire cavaler Logan dans tout les sens, lui faire découper des lavabos, des radiateurs, des hélicos, des gros 4x4 de l’armée, Sabretooth, des mutants, des soldats, le voir faire de la moto, grimper à des trucs en y plantant ses griffes, se prendre des branlées par tel ou tel mec qui n’avait rien à foutre dans ce film (Gambit entre autre, ainsi qu’un gros tas fana de boxe). Ce film est une course poursuite sans intérêt. Les aspects des origines ne sont que brièvement abordés, de manière à laisser plus de place à l’action, histoire de contenter ce panel de bovidés venus assister à du divertissement tout public. L’absence quasi-totale des litres d’hémoglobine auxquels je m’attendais, et qu’on était en droit d’attendre, ne fait que confirmer ma théorie.
Et ces salopards iront jusqu’au bout dans le démantèlement d’un univers si particulier, notamment sur la fin du film, en crachant sur un anti-héros bien connu du vrai public (C’est-à-dire ceux qui lisent des comics), le ridiculisant, et faisant des origines de Wade Wilson, alias Deadpool, au même titre que les origines de Wolverine, une farce grotesque sur laquelle pisse allégrement une tripotée d’enfoirés qui trouvaient que c’était une bonne idée de faire cavaler Logan à poil, dans les champs, pour qu’il soit recueilli par des clones de Martha et Jonathan Kent, les bouseux et parents adoptifs de Superman (Et le pire c’est que j’en rajoute même pas).
Pour en revenir à Deadpool, je tiens à rétablir la vérité pour ceux qui me liraient et qui iraient voir le film : Wade Wilson n’était pas un mutant, mais un mercenaire engagé volontaire dans le projet Arme X car atteint d’un cancer incurable. Il devait se voir doter du même pouvoir de guérison que Logan, mais ce fut un échec total qui lui laissa d’horribles cicatrices sur tout le corps, témoins des expériences tortueuses auxquelles il fut soumis, et qui ne partiront pas même après l’activation tardive de son pouvoir de cicatrisation instantanée. L’autre point sur lequel il faut attirer l’œil innocent du spectateur, c’est le fait que Wade Wilson parle sans arrêt. Même torturé, il persiste à se foutre de la gueule de celui qui le malmène, quitte à y laisser sa peau (Cf : Deadpool n°9 d'octobre 1997. Le comics au passage fit un flop en France faute de public)
Dans le film, on fait de Wade Wilson un mutant, l’arme XI (sic), destiné à tuer des mutants. Si Wade Wilson possède bien un pouvoir de cicatrisation (Jusque là ça va), qu'on tire de l’ADN de Wolverine (Là ça part en couille), il est néanmoins réduit au silence (On lui supprime la bouche), possède des pouvoirs de téléportation (Alors qu’il se téléporte par des moyens mécaniques dans le comics, et pas pour se battre à la façon de Diablo), des Katanas rétractiles planqués dans les avant bras (seigneur…) et la possibilité de balancer des rayons oculaires (ç’aurait été moins classe par le cul) qu’il doit à l’ADN de cyclope… du grand n’importe quoi, et surtout, une injure totale au puriste que je suis.
Pour en revenir au film, les rebondissements, au nombre de trois, sont parachutés au bout de dix secondes de films comme un militaire U.S sur une plage de Normandie, ou prévisibles au point que seul un trisomique autiste et trépané ne les auraient pas vu venir. (La réelle paternité de Logan, le double jeu de Striker, la fausse-mort de la femme de Logan)
Une course poursuite de moins de deux heures, et c’est au final cette courte durée, pour un film si prometteur, le seul point négatif qui se révélera être un point positif après réflexion, car je ne vois pas comment j’en aurais supporté d’avantage.
Vous n’avez pas l’habitude des critiques de films sur ce blog, et ceci de toute façon n’en est pas une, ceci est un cri d’horreur, le râle de l’agonie d’un fan pur et dur de Wolverine, que j’adule depuis l’enfance, l’hallali du petit garçon au fond de moi avec ses griffes en carton… Ceci n’est pas une critique, c’est une furieuse mise en garde contre ce film de merde qui crache à la gueule des attentes légitimes qu’on était en droit de fonder quand un film prétend raconter les origines du plus célèbre des mutants Marvel à ce grand public qui avait découvert Wolverine grâce à la trilogie X-Men. Je m’insurge contre cette bouse de yack qui aurait mieux fait de ne pas s’écarter des sentiers battus de la sainte continuité Marvel alors qu'elle avait offert le scénario sur un plateau à une équipe de connards pensant, à tort, avoir de bonnes idées en laissant libre cours à ce qu’ils croient être du « génie ».
Je vous conseille de lire plutôt trois récits, au lieu d’aller visionner cette daube dans une salle insuffisamment obscure pour nous masquer le viol de notre héros, pour renouer avec les véritables origines : « Origin », minisérie en six chapitre, pondue par Andy Kubert et Paul Jenkins, dont on peut trouver la réédition en intégrale assez facilement, et que vous vous devez de lire, c’est l’équivalent de la bible.
« L’arme X » de Barry Windsor-Smith, qu’on peut trouver en édition intégrale reliée également assez facilement. Un must dans son genre.
« Dossier Serval », one-shot paru en 1993 aux éditons semic (un peu plus difficile à trouver je pense, mais si j’en ai dégoté un, ça doit être possible.)
Je vous invite également à vous rencarder un peu sur le personnage de Deadpool, et trouver des numéros de la série qui lui était consacrée; parce que franchement, c’est énorme.
Et si on vient me dire que j'en ai trop dit, que je vous ai révélé trop de détails concernant le film, et que ça vous dissuade d'aller le voir car il n'y a aucun intérêt à voir un film dont on connait tous les rebondissements avant d'aller le voir, je vous répondrai que je vous emmerde, et que c'est pour votre bien. Ce film est indigne d'être vu et doit être jeté aux oubliettes avec ceux qui ont participé à sa création.
Deadpool a bien son pouvoir de l'ADN de Logan et a bien fait partie de Weapon X, le reste c'est de la merde. En revanche je regrette de ne pas avoir eu la copie du film où après le générique, le corps de Deadpool cherche sa tête. Pour une fois c'eut été de bon ton.
Sinon piocher dans "Wolverine : Origins" aurait pas été du luxe non plus....