Mon cœur se serre et mon esprit se fane à mesure que s’élève le crépuscule, tandis que les prémices malicieux des mélopées funestes engendrent les ténèbres tentaculaires, suintant, grouillant, rampant, couvrant ma peau tel un linceul. Je suis la vie éphémère, le rêve abscons, je suis un fantôme revenu à la vie pour mieux saigner à nouveau. L’absurde trinité.
Tandis que l’apocalypse gronde et souille une terre ensanglantée, oublié des larves divines et des messagers célestes, je cherche un sens à l’illogique, une raison à l’impossible, le salut dans l’ivresse insomniaque, un phare dans la nuit, ma lumière. Eteinte.
Je fige un sourire, un instant de grâce dans les profondeurs du néant, je grave un oubli au fond de l’abîme, pour apprendre à pleurer en silence. On ne trouve ni salut ni pardon sans offense, ni haine ni amour sans errance. J’erre alors dans les limbes, entre l’alpha et l’omega, quelque part, à la croisé du vide et du néant.
Une agonie frappe ma poitrine, comme un million de tambours belligérants, à l’unisson. Une épiphanie traverse mon esprit et me laisse choir parmi les insectes. Je cherche une réponse sans énigme, un mystère sans parfum, un regard sans larmes, une lueur dans l’abîme, ma lumière. Eteinte.
Je me relève, meurtri, mais jamais seul. Mes plaies se referment; elles sont autant de compagnes que les damnés qui me portent. Buvez, car ceci est mon sang.
Je déambule dans les ténèbres, ressuscité par quelques mains amicales, je trébuche, tombe à nouveau, mais ne porte aucun fardeau. Je me relève, délivré, et marche sur mes rêves. Mes yeux se plissent, mon cœur se libère et mon esprit s’émerveille, car le monde est lumière.
Je suis la vie éphémère, le rêve abscons, je suis un fantôme revenu à la vie pour mieux saigner à nouveau. L’absurde trinité. Un triptyque cyclique. Une renaissance en trois temps.