Lundi 19 janvier 2009 à 17:07

 

Suite et fin du mini-récit "Père Noël II - La mission", dont vous pouvez trouver la première partie un peu plus bas, ou bien en cliquant > ici <

 

Arrivé au dessus du Togobian, Père Noël retira ses vêtements, la chaleur saharienne étant relativement intense, pour peu qu'en plus d'être vêtu comme pour une ascension de l'Everest, vous soyez obèse. En survolant ce pays, frontalier avec une autre contrée dont tout le monde se branle à part Bono de U2 et quelques rappeurs (sic) français (sic) qui veulent jouer la carte de l'engagement gratuit, le Darfour, Père Noël constata que vivre ici, c'était vraiment l'angoisse. Du sable partout, des maisons faites en bouse de vache séchée... Et rien d'autre. Il comprit alors que si on pouvait amener l'esprit de noël quelque part, c'est bien ici. Grâce à son GPS (vous croyez qu'il se repère aux étoiles ? Bande de larves...) Père Noël trouva la hutte en étrons de bovidés du petit estropié qui lui avait écrit. Il se posa, décapsula une bière, et entra pour faire face à une petit merde, sans bras ni jambes, rongé par la lèpre et maigre comme un...bah, comme un Togobianais.
Le petit enfant, auquel je ne vais pas me faire chier à trouver un nom typique qu'on donne au merdeux dans les tribus nord africaines pour faire plus réaliste, et que nous appellerons donc Hector, n'en revenait pas. Pour la première fois de sa vie, il avait attiré l'attention de quelqu'un qui viendrait faire son bonheur.
Père Noël s'avança et lui décrocha un magistral coup de poing dans la gueule, agrémenté d'un "Hohoho ! Joyeux Noël petit enculé !"
Les larmes montèrent, mais avec la déshydratation, verser une larme est potentiellement mortel, Hector se retint alors, pour préserver ce qui restait de sa triste vie.
Père Noël but une rasade de bière, fixa Hector, gisant à terre.
"J'ai lu ta lettre, sale petit morveux. Non mais tu crois quoi ? Que je suis un fournisseur de paix dans le monde ? Putain mais vous êtes vraiment cons vous les pauvres ! Je suis le symbole du mercantilisme absolu, presque religieux même ! Je suis un pourvoyeur de cochonneries créé de toute pièce par un Américain bordel de merde ! Demande moi des objets, des jouets, du fric même, vends moi ton âme d'enfant au bonheur de la possession, après tout, si tu comptes encore sur l'espoir de lendemains meilleurs pour toi et les tiens, alors suicide toi tout de suite, parce que le bonheur, c'est pas ça... C'est pas ça petit."
Père Noël tourna les talons, pour masquer une larme qui perlait à son œil unique (son autre œil est un œil de verre, un petit garçon du nom de Jean-Marie lui aurait arraché il y a fort longtemps).
Hector rampa au pied du Père Noël avant de prononcer ses paroles.
"Si toi même tu crois que toute chose est linéaire, que le changement n'existe pas, si tu te soumets, toi qui le premier devrait croire en l'esprit de Noël, alors tue moi ! Je refuse de vivre dans un monde où l'on tient pour acquis que nous sommes ce que le monde a fait de nous, et pas ce que nous choisissons d'être...
- Ha parce que tu as choisi d'être lépreux et cul de jatte
?
- Tu me vois comme ça, moi, je me vois comme un enfant. Je suis un enfant qui veut transmettre son bonheur à son peuple qui s'entredéchire pour Dieu seul sait quoi.  Je dois montrer aux Hommes que l'esprit de Noël, c'est se rassembler, et j'ai besoin du Père Noël pour ça, pas d'un looser alcoolique. Alors laisse-moi te demander... Es-tu le Père Noël ?"

Père Noël semblait figé. Quand soudain, il attrapa Hector et le plaça sur son épaule, avant de l'embarquer sur son traineau.
" Tu sais quoi petit, je crois que nous avons raison tout les deux. L'esprit de Noêl, c'est rassembler les Hommes, mais comment rassembler et rendre heureux dans ces contrées où personne ne possède rien. La possession ne fait pas le bonheur, mais elle peut y contribuer, alors cette année, nous feront un cadeau à tout ton peuple."
Père Noël se dirigea d'abord vers le nord, ou vivait l'ethnie des Jean-Jacques (Cherchez pas, j'avais la flemme de chercher des noms simili-tribaux) et il jeta l'un de ses énormes sacs. Il fila ensuite vers le sud, où vivait l'ethnie ennemies des Jean-Jacques, les terribles Kevins (Idem, la flemme) et leur jeta eux aussi un énorme sac. Quelques minutes plus tard, une marée humaine déferlait au nord, et une autre au sud. Chaque tribu partait à la rencontre de l’autre. L'espace d'un instant, Hector se permit de verser une larme, car la joie était trop grande... Elle fut de courte durée, il y'eut de terrible échanges de tirs d'armes hypersophistiquées et les deux tribus s’éteignirent en même temps, après quelques minutes de combat. Hector, incrédule, tenta de comprendre d'où pouvait bien provenir ces armes, son peuple ne possédait jusqu'à lors que des machettes.
"Enfin, petit... je pensais que tu avais pigé. Ce sont mes cadeaux à ton peuple. Des armes.
- Mais... Mais... Pourquoi ?
- Bah tu voulais réunir les deux tribus dans la joie, et que cesse enfin la guerre. Ton Noël s'est réalisé. Je vois pas où est le problème... En plus c'est gratuit, cadeau de l'oncle Sam
. D'ailleurs ce serait bien de pas traîner, j'ai une livraison à faire en Israel."
Hector se mit à insulter Père Noël, et ce dernier, blessé par une si grande ingratitude, jeta le petit morveux par dessus bord. Hector survécu à sa chute, il regagna son foyer en rampant au bout de deux semaines d'errance au milieu des cadavres et du désert, et mourut du SIDA juste à l'entrée de sa petite maison faite de bouse de vache séchée. La lèpre en fut d'ailleurs fortement vexée, mais le SIDA lui fit remarquer qu'il était là le premier.
Père Noël regagna le pôle nord, les commandes furent honorées, on licencia le personnel des lutins juste après les fêtes pour délocaliser définitivement en Chine. Père Noël fut également licencié, mais il avait prévu un parachute dorée ainsi qu'un compte en suisse. Il vendit les droits de l'image "Père Noël" à la république populaire de Chine, qui incarnait finalement selon lui, le véritable esprit Noël : Du rouge avec une grosse touche de capitalisme dedans.


FIN
(Les articles "spécial Noël" c'est MAL !)

 
Par Deathknight le Lundi 19 janvier 2009 à 19:45
Putain, ça me débecterait moi, toute cette attitude ingrate de la part d'un petit con programmé génétiquement & racialement pour être assisté. Le Père Noël lui a donné ce qu'il a voulu et lui n'a rien trouvé de mieux que de protester et de demander réparation. Encore heureux qu'il était un enfant tronc, imaginons qu'il avait la pleine possession de ses moyens ?
Mais laissons le crever avec les siens si c'est pour se faire remercier ainsi !
Très belle moralité sinon :)
Par PetrifiedEyes le Mardi 20 janvier 2009 à 9:26
"Des armes, des chouettes, des brillantes,
Des qu'il faut nettoyer souvent, pour le plaisir,
Et qu'il faut caresser quand même pour le plaisir,
L'autre celui qui fait rêver les communiantes."

C'est de moi, j'ai composé ça ce matin, ton récit m'a fortement inspiré. (ahah)
En même temps, qu'on reçoive une xBox ou la paix dans le monde, il faut l'électricité pour que ça marche, c'était mort d'avance.
Par silverthorn le Mardi 20 janvier 2009 à 22:23
Quand j'ai lu le passage sur les deux tribus qui se foutent sur la gueule et qui s'exterminent mutuellement, ça m'a plus fait penser au début aux pays qui claquent toute leur thune dans l'armemement et qui n'ont pas de quoi nourrir leur population, comme la Corée du Nord pour ne pas la citer (je ne vise personne :p).
Mais sinon cette deuxième partie était encore meilleure que la première partie, on dirait une evil Fable de La Fontaine avec des parasites comme personnages.
 

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