Bon il est vrai que je suis un peu en
retard niveau actualité, puisque l'annonce de la mort de
Pinochet ne date pas d'hier. Laissez moi dans un premier temps observer une
minute de silence, vous pouvez vous joindre à moi si vous le souhaitez.
Je suis attristé,
franchement, de la disparition du
dictateur chilien. Voir un despote succomber aux affres inéluctables de l'existence, alors qu'il y a quelques années encore, il sautillait de joie avec sa
béquille en descendant de l'avion qui le ramenait chez lui, et bien, c'est un peu comme un
rêve d'enfant qui se meurt avec ce vieil homme. Un
dictateur de moins certes, mais c'est aussi une figure
historique qui disparaît. A l'heure où l'on remplace facilement un régime par un autre, nous voyons tomber les grands de ce monde, de
Saddam aux
talibans, en passant par
Castro et maintenant, ce bon
Augusto, qui ne laisseront finalement place qu'à de petits tyrans sans grandes ambitions, ou pire, à des
démocraties.
Et pourtant,
pourtant, nous aurions tant à apprendre de ceux que nous
condamnons avec notre vision ultra-libertaire, ne serait ce qu'en matière de
sécurité, puisque cela semble être la principale source d'inquiétudes, bien avant
l'éducation ou même
l'économie. Nous souhaitons tous, au fond de nous, voir revenir le sentiment de
patriotisme, la
sécurité,
l'ordre, la
fierté.
Je sais ce que vous allez me dire, que c'est
excessif,
inadmissible. Mais en toute logique, ce que je retiens des
doléances des masses, c'est que tout part en couille, et qu'il faudrait que
quelqu'un se mouille enfin un peu pour faire courber l'échine aux
français. En somme, il y a au fond de nous un petit
collabo qui sommeille, et depuis une bonne décennie, il est frappé d'insomnie.
Regardez, les prouesses accomplies par un système juridique totalement
arbitraire :
la sécurité, ce mot si cher et si doux à l'oreille. Des
exécutions sommaires pour distraire et contenir les foules, du pain et des jeux, c'est
beau.
Et que voulons nous pour nos enfants, si ce n'est inculquer un certain
respect pour
l'ordre et
l'autorité, donner un exemple à suivre, un
big brother qui nous observe comme autrefois l'image
Dieu surveillait les impies et les pécheurs, quand tout allait bien et que la
peur jugulait les
excès. Que voulons nous vraiment, si ce n'est un retour aux bonne vieilles valeurs comme on en trouve que sous la
dictature.
Mon bon vieil
Augusto, tu nous quittes, et ton œuvre reste incomplète. Quel
artiste meurt avec toi…
Ho bien sûr, je ne nie pas les mauvais côtés d'une
dictature, tout comme je ne nie pas les mauvais côtés de notre système, et pourtant vanter les mérites d'un
régime totalitaire est mal perçu, alors que
chanter les louanges tout comme
dénoncer les faiblesse de notre belle
démocratie apparaît comme un courage à demi-mesure, voir une absurdité grotesque. Et
paradoxalement, cette interprétation maussade et mensongère reste applaudie par les masses qui courent acheter le CD de
machin, le livre de
truc, ou votent pour un quelconque
candidat parce que lui, il a des
couilles. Vaste fumisterie. Il est intéressant de noter que les
gueulards sont moins nombreux (
et plus virulents du coup) quand la liberté
d'expression est sous contrôle, quand le simple fait de penser,
d'emmètre une idée, est dangereux pour sa vie.
Nous n'avons pas de héros parce que nous n'avons rien à craindre, nous n'avons pour modèle que des aspirants
trou-du-cul. Nous n'avons pas le système
politique qui permettrait de réaliser à quel point nos vies sont précieuses, et que
l'Homme peut se révéler
altruiste, bienveillant, courageux, fort.
Nous avions tant à apprendre de la vision
despotique de ces
Hommes pour qui le pouvoir n'était pas une fin en soi, mais bien un moyen de
redonner de
l'aplomb à tout un peuple, de
redonner un
sens à l'existence, de véhiculer une idéologie
fédératrice et
fraternelle si merveilleuse, et non pas de se remplir les poches.
Les
dictateurs eux, quoi qu'on en dise, tiennent leurs promesses et aiment leur pays avant tout, ils sont prêt à tout pour arriver à leurs fins. C'est, à
tort, ce qu'on leur reproche, puisqu'on cherche un mec qui en a pour redresser la barre, mais faut pas qu'il en ait trop parce que c'est
MAL. Serions nous
hypocrites ? Voici le résultat d'un trop plein de liberté : un
raisonnement absurde et
chaotique qui repousse l'échéance et les
responsabilités sur les
générations futures.
Ne nous dédouanons plus des problèmes de notre époque en vue de conserver quelques petits
privilèges, cela n'a que trop duré, oeuvrons pour
demain. Peut être nos enfants nous feront-ils le reproche d'avoir joué avec les mauvais
concepts, mais les erreurs de l'humanité ont considérablement changé la face du monde, ainsi nous oublions un peu vite que notre
liberté est avant tout l'enfant des siècles
d'oppression et
d'obscurantisme que nous avons vécu, tout comme la
permissivité qui en découle engendre ce que tous redoutent, à savoir la
dictature.