Cette histoire s'inspire de faits réels.
Lorsque je pénètre dans la chambre, elles sont là, trônant tel un trophée au milieu d'objets bizarres et d'armes de décoration en plastique. L'odeur de moisissure semble dégouliner sur moi, elle imprègne les murs et le sol, elle est presque palpable. Impossible d'ouvrir la fenêtre dont les carreaux sont ternis par la crasse, et ne donnent aucun point de vue sur l'extérieur. Combien de temps cet être abominable et grotesque avait vécu ici, reclus, avec pour seul contact avec le monde un P.C, seul objet propre dans cet univers cloaquesque… Objet de fantasme et de culte pour celui qui détenait mes couilles sur son étagère.
Je reste calme, à l'affût, et me dirige lentement vers le bocal de formol où sont retenues en otage mes roubigniolles. Je prends délicatement le bocal dans une main, le fait doucement glisser et l'attrape vivement et fermement de l'autre main, avant de le glisser dans mon sac. Mon cœur bat la chamade, alors qu'accroupit sur le sol crasseux jonché de cadavre de bouteille d'ice tea, de cannette de coca, de chips et d'une bouteille de smirnoff ice à moitié vide, je plastique allégrement la pièce de manière à envoyer son propriétaire embrasser le cul de Satan à l'instant même ou il pénétrera en ces lieux.
Une fois mon dernier bloc de c4 posé, je me lève afin de quitter cet endroit immonde. La voie était libre, mais une force irrésistible me poussait à toucher l'objet de dévotion du malade mental qui vivait ici. A l'instant même ou mes doigts effleurent le clavier, une bourrasque de vent et de poils pubiens pénètrent dans la pièce, la porte se referme, et la mini tornade absorbe tous les détritus qui jonchent le sol. Au bout de quelques minutes, cet amoncellement de saloperies prend forme presque humaine.
Je dis bien « presque »
Il grogne, bien qu'il certifie ne pas être grognon, et son grognement fait trembler la terre, la pièce elle-même se met à craqueler. D'un geste lent mais puissant, l'abominable spooky tente de me réduire à l'état de crêpe, mais ma vélocité et ma vivacité d'esprit me permettent d'éviter ce coup fatal, utilisant ma technique bien connue consistant à courir dans tous les sens en hurlant comme une gonzesse ainsi qu'en appelant de façon récurente ma génitrice. Le monstre sait que je n'ai aucune issue, sa masse imposante bloquant l'accès à la porte, sa taille et son odeur interdisant tout combat au corps à corps.
Je me précipite vers la fenêtre, plonge tel Stallone et Mel Gibson réunis, et appuie sur le détonateur. Le souffle de l'explosion me colle au sol. Je tente de prendre la fuite, mais ma jambe me fait atrocement souffrir. C'est alors que, pour achever à mon désespoir, le monstre sort des débris de sa masure, toujours en grognant.
Il s'approche, se place au dessus de moi, ses jambes de part et d'autre de mon corps, lève les bras et joint ses mains. Je n'ai plus que quelques secondes à vivre.
Je sors un couteau de cuisine de mon sac, attrape ses couilles, et les coupes. Le contact physique avec cet être provoque un urticaire démentielle m'empêchant désormais de me servir de ma main droite, si lui couper les couilles ne le terrasse pas, je ne donne pas cher de ma peau.
L'ignoble monstre hurle à la mort, s'écroule au sol en gémissant. Sa voix a perdu au moins dix octaves en l'espace d'une seconde. Péniblement je me relève, me sert d'un tuyau de métal en guise de béquille, et cherche à fuir. Le monstre lui aussi se relève, il perd un liquide brun-vert et horriblement puant à l'endroit où, il y a quelques minutes encore, des couilles pendaient.
Il rampe plus qu'il ne marche, mais mes blessures me ralentissent, et bientôt, je sais qu'il me réduira en bouillie. Je me retourne pour lui faire face, et concentre mon énergie vitale pour un ultime assaut. Je lève mon tuyau de fer vers son visage, et me jette en plein dans ses griffes, tandis que lui, de son côté, freine mon attaque en m'envoyant tout ce qu'il trouve avec sa technique de ventilation supprême, provoquant de minis ouragans.
Les débris ajoutent de nouvelles blessures sur mon corps, la sueur qu'il sécrète arrache ma peau par lambeau, les poils pubiens griffent mon visage. A l'instant crucial où je comptais porter mon coup fatal, le monstrueux spooky me crache au visage, et par la même, me rend aveugle, avant de m'assener un terrible coup de poing dans les côtes. Un grand craquement couvre à peine mes hurlements. Je retombe au sol. Je suis salement amoché et ne vois plus rien. Le monstre, malgré la perte de ses couilles, est opérationnel et compte bien se venger de cette ablation sommaire, de la destruction de son entre puante et de la profanation de son P.C. Il s'élance d'ailleurs vers moi en hurlant « pas toucher P.C ! », et ne se méfie aucunement de moi.
Erreur monumentale.
Si son odeur n'était pas suffisante, je sentirai son énergie vitale et ses mouvements qui déplacent de grosses masses d'air du fait de sa force et de sa taille colossale.
Il lève le poing, pour mettre fin à mes jours, et tandis que le poing gargantuesque s'abat sur moi, je roule sur le côté afin d'esquiver, fléchit de ma bonne jambe et me propulse à nouveau vers lui.
Impossible pour lui de s'en sortir par ses habiles manœuvres, mon arme de fortune se glisse dans son tympan, bousillant au passage tout ce qu'elle peut. Je retombe au sol, me retourne d'un geste vif, et entame son dos avec un morceau de verre. Les coups pleuvent, le sang couleur merde du monstre aussi.
Essoufflé et à bout de force, je constate que le spooky bouge toujours, et tente de se relever. Je reste stupéfait d'admiration devant tant de combativité chez un être aussi primaire, je lui ai pourtant grillé le cerveau, et il bouge toujours. C'est alors que je réalise mon erreur, cette chose n'a tout bonnement pas de cerveau. Rien n'est encore perdu, il bouge à peine, il est inconscient, et moi j'ai de la chance. Un bon guerrier doit avoir de la chance, la force et la rapidité ne font pas tout dans un combat.
Je cherche au fond de mon sac de ma dernière main valide, à tâtons pour combler la vue que j'ai perdu momentanément. Un bocal de formol contenant mes couilles, une barre chocolatée pour après le combat, une épingle à nourrice, un pied de biche, un bloc de c4 que j'avais oublié dans le sac…
je le saisis immédiatement, et me sers du pied de biche pour écarter le sphincter pachydermique de mon adversaire, avant d'y glisser le c4.
Je m'éloigne, et sans me retourner, je fais exploser le monstre. Lorsque la détonation se fait entendre, il tombe des bouts de gras flasques et puants sur un kilomètre à la ronde, ainsi qu'un liquide nauséabond rappelant la merde un jour de diarrhée.
Tout va bien, je suis en vie, et j'ai mes couilles. C'est le principal.