Est ce ma faute à moi ? Non parce que je vous vois m'observer d'un œil sceptique, voir incrédule. Je vous assure pourtant que mon geste n'était pas prémédité. Loin de là. Et puis bon ce n'est pas si grave quand y réfléchis. Non non non mais attendez ! Faut voir aussi dans quel état d'esprit j'étais ! Laissez moi cinq minutes le temps de vous expliquer et vous verrez que vous aussi vous vous rangerez à mon avis. Bon je dois commencer par le début je suppose. Très bien. Il y a environ 21 ans je suis né à la maternité de Nancy, un 23 no…
Pardon ? Ha d'accord, faut que je commence au début de cette tragique et désastreuse soirée qui m'a conduit ici.
Bon très bien.
Bon j'étais sorti me promener un peu, profitant en cette belle soirée, de la brume et du froid glacial lorrain qui m'a tant manqué. Après une bonne demi heure de marche, j'étais déjà merveilleusement gelé. C'est alors que mes pérégrinations m'ont conduit chez un ami venant d'acquérir un ordinateur dernier cri (aaaaaaaaaaaaaaaaaaah)
Vous n'êtes pas attentif je le vois bien. Comment ça ? Mais non l'ami en question n'a rien à voir dans l'histoire, mais c'est important pour la suite des événements. Donc je continue.
Nous avions donc une envie de tester ce nouveau petit jouet, après bien sur avoir galérer quelque peu pour relier le P.C à l'Internet grâce à cette merveilleuse prouesse technologique qu'est le wifi.
En fait cet épisode marquant aura duré deux heures durant lesquelles nous avons à chaque instant frôlé la crise de nerf. La motivation n'y était pas. Après moult essaie infructueux, nous avons enfin reçu l'illumination divine et en cinq minutes ce fut torché. Seulement une fois l'Internet et quelques autres bordels enfin installés, et alors que nous allions entamer l'installation d'Half life2 parce que ça faisait longtemps qu'on c'était pas fait un p'tit death-match, j'ai regardé ma montre…la montre de mon pote pour être précis étant donné que je n'ai guère de montre.
Il me restait à peine dix minutes avant le dernier tram pour rentrer chez moi; juste le temps de chausser les rangers et de s'emmitoufler, de griller une petite clope sur le perron avant de se dire « tchô » (titeuf n'ayant rien inventé en copiant honteusement l'accent si chère à notre région).
Une fois tout ceci fait, les nouvelles tracasseries commencèrent. Il pleuvait, pas fort, mais disons que ça tombait bien, et surtout, que la pluie était anormalement glacée.
C'est seulement arrivé à l'escalier en béton et en me cassant la gueule à peine le pied posé sur la première marche que je me suis rappelé que pour cette nuit, on annonçait des pluies verglaçantes.
Inconvénient mineur, mais une fois relevé et après avoir parcouru cent mètres, nouvelle chute sur le macadam. Je me relève, calme, stoïque, imperturbable. J'avance doucement afin de ne pas m'étaler à nouveau, le petit quartier ou réside mon ami n'étant pas le terrain de prédilection des saleuses. Je rejoins alors l'avenue du général L. quand, arrivé aux portes du célébrissime « clos », où réside mon ami, je vois le tram passer devant moi et mes yeux ébahis. Le dernier tram avec environ cinq minutes d'avance : l'angoisse.
L'arrêt n'est qu'à quatre cent mètres : je peux le faire. J'entame alors une course effrénée…enfin sur environ deux mètres, puisque les grandes rues nancéiennes ne sont apparemment pas, elles non plus, le terrain de prédilection des saleuses. Donc après avoir parcouru deux mètres en sur place et m'être rétamé méchamment la gueule une troisième fois, j'avance doucement, alors que le tram lui s'empresse de démarrer.
Je suis donc seul, sous la pluie glacée, sans moyen de locomotion et j'ai une heure de marche avant d'arriver chez moi. Enfin ; une heure si les trottoirs n'étaient pas couvert de verglas.
Je tente l'ultime chance et sors mon portable, afin qu'une âme charitable et bénéficiant d'une voiture et d'un permis me tire de ce mauvais pas, et c'est à ce moment précis que je constate que je n'ai plus de batterie. Je dois donc m'en sortir seul.
Une heure plus tard je n'ai parcouru qu'un peu plus de la moitié du chemin en me cassant la gueule une paire de fois.
A noter que tout les trottoirs n'étaient pas verglacés. Sur cent mètre quelque part en centre ville, le sol était couvert de sel. Je pense que les saleuses ont certainement vidé leur réserve là en pensant que le sel irait se balader tout seul pour faire son œuvre.
Et c'est à la suite de cette constatation navrante qui acheva de me faire basculer dans un état d'esprit meurtrier que je l'ai croisé. Et je tiens à vous dire quand même qu'il m'a provoqué, cet employé municipal sortant d'une saleuse afin de rentrer chez lui bien au chaud.
Comment me direz vous ? Ha bah d'ailleurs vous me le demandez…
C'est très simple : Sur mon chemin, entre lui et moi, se dresse un arrêt de tram en direction de mon chez moi. Le froid avait fait disjoncté le panneau d'affichage, et le bougre ne connaît pas les horaires. Fallait il qu'il ose me demander si je savais à quelle heure est le dernier tram ? et bien oui, il le fallait. Je suis resté calme, mais avant d'obtenir toute réponse de ma part, l'individu m'a fait savoir qu'il était désireux de connaître les horaires puisque c'est un de ces amis qui conduit le dernier tram, qu'il aurait souhaité lui dire bonsoir et qu'au pire s'il est déjà passé il n'a jamais que trois ou autre cent mètres pour rentrer et que le verglas, c'est pas si terrible : d'autant plus qu'ils ont bien bossé cette nuit en salant partout.
C'est donc après l'avoir violemment agressé que je lui ai fait bouffer du sel jusqu'à ce qu'il m'indique ou réside le chauffeur du tram trop pressé de finir sa tournée. Quelques chutes plus tard, sur les trottoirs prétendu salés de façon convenable et méticuleuse, et une fois chez le fameux chauffeur de tram, je lui ai enfourné un sac de gros sel dans le cul à l'aide d'une pelle rouillée et dentelée avant de lui planter les horaires de tram sur la tronche avec un pistolet à clou.
Voila, vous savez tout. Ca peut arriver. J'étais contrarié c'est tout ! Ca ne vous arrive jamais d'être contrarié ?
Alors on oublie cette sordide mésaventure, j'aimerais aller me coucher. Signer ? Pourquoi faire ? Et puis ça suffit maintenant, je vous ai tout bien expliqué, vous devriez comprendre que ce n'est pas ma faute.
Je ne signerais pas cette déposition et je ne retournerai pas en cellule pour terminer ma garde à vue avant d'être confronté au procureur pour double homicide et d'être transféré en maison d'arrêt. D'ailleurs je m'en vais ! Mais… mais… que faites vous ?! Enlevez moi ces menottes tout de suite !
Allons c'est ridicule enfin ! Puisque je vous dis que ce sont eux qui m'ont provoqué ! Tout le monde est contre moi ! Et rangez cette matraque tout de suite !
… pourquoi l'enduisez vous de vaseline ?
Mais répondez moi enfin !
«.´¯¯`•.,¸¸,.•´¯*Δ†ØЛ ǿF †ħэ ЄИĐ*¯`•.,¸¸,.•´¯¯`.» ™
( qui écrit ces lignes depuis la prison Charles III où il partage sa cellule avec un gros black homosexuel et violeur multi-récidiviste
L'avocat qu'on m'a attribué s'avère être le frère du chauffeur de tram et le beau-frère de l'employé municipal; le procureur est un ami du club d'échec du chauffeur, et pour ce qui est du juge, il s'agit de la femme du procureur...)